Elections municipales - Revue générale des troupes avant la présidentielle de 2020

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Suspense total en Guinée quant aux résultats des élections municipales qui se sont déroulées ce dimanche 04 février. En l'absence de statistiques officielles, les observations sur l'affluence des électeurs aux bureaux de vote donnent à penser que les Guinéens se sont moyennement déplacés aux urnes. En tout cas la bonne tenue du scrutin est un bon point pour la démocratie en construction.

Au demeurant, pouvait-il en être autrement quand on sait que les dernières municipales ont eu lieu il y a de cela 13 ans et surtout que tous les ténors de la scène politique ont jeté leurs poids dans la campagne ? La raison de cela : Le président Alpha Condé et son parti, le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG), Cellou Dalein Diallo de l'Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) ou Sidya Touré de l'Union des forces républicaines(UFR), pour ne citer que les leaders des partis les plus en vue, savent que le contrôle des exécutifs locaux est un atout pour aller à la conquête du pouvoir d'Etat.

Voilà, entre autres, ce qui explique pourquoi l'opposition était vent debout contre la lenteur du gouvernement à organiser ces élections, refusant de se satisfaire des délégations spéciales instaurées par le fait du prince à la direction des municipalités. Il ne faut pas être un expert en science po pour savoir que le pouvoir d'Alpha Condé traînait les pieds à organiser ces élections municipales pour éviter que la mainmise du Parti de l'unité du peuple (PUP), l'ancien parti au pouvoir, sur les exécutifs locaux se poursuive. On se rappelle, en effet, qu'aux municipales de 2005, dans les conditions d'une démocratie balbutiante, le PUP avait raflé 80% des sièges des conseillers municipaux. Depuis lors, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts, le PUP, après le décès de son président, Lassana Conté, et la perte du pouvoir en 2010, est devenu l'ombre de lui-même.

Le RDG au pouvoir a des adversaires autrement plus incisifs dans l'arène politique guinéenne et a joué sur le calendrier de ces municipales pour renforcer la toile de son implantation afin de se donner plus de chances de les remporter. On attend de voir si cette stratégie de l'araignée du RPG a fonctionné et si, malgré l'épreuve du pouvoir, il a conservé sa force électorale de 2010 et 2015 qui lui avait permis de gagner les élections présidentielles.

A l'opposé, les partis adverses, notamment l'UFDG de Cellou Dalein Diallo, à l'occasion de ces municipales, vont mesurer leurs progrès dans la conquête de l'électorat. C'est dire qu'il s'est donc joué en Guinée, ce dimanche, un air d'élection présidentielle avant l'heure : test de popularité pour les uns, d'implantation pour les autres, de crédibilité pour tous, ces élections municipales, au-delà des enjeux locaux, constituent pour les partis en présence une revue des troupes avant la présidentielle de 2020. Dans cette logique, leurs résultats pourraient s'interpréter comme ceux d'un référendum pour ou contre le pouvoir d'Alpha Condé. C'est pourquoi ce dernier et l'ensemble de ses ministres se sont grandement investis dans la campagne, chacun dans sa région, pour soutenir les têtes de listes.

L'opposition n'est pas en reste dans ces joutes électorales. Chacun pourrait lire dans les résultats obtenus par les 30 000 candidats lors du scrutin de dimanche son avenir politique. C'est ce que résume bien l'opposant Cellou Dalein Diallo quand il déclare : « Les partis souhaitent vraiment gagner ces élections locales parce que, lorsque vous avez, pour un parti, un réseau d'élus locaux solide, c'est très facile d'aller à la conquête du pouvoir exécutif ou même du pouvoir législatif. » Tout est dit et bien dit.

 

Par Zéphirin Kpoda

Source: L'Observateur Paalga

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