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Réélection d’ADO et Condé : Que feront-ils de leurs derniers mandats ?

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« Ite missa est ! » c’est le lieu de le dire, car à Conakry comme à Abidjan, la messe a été dite et bien dite. Après la proclamation des résultats provisoires de la présidentielle, les sages des deux capitales viennent de rendre leur verdict, confirmant sans surprise celui des urnes.

Que de similitudes entre les deux pays voisins et les honorables septuagénaires qui président à leurs destinées respectives ! C’est le moins qu’on puisse dire, quand on se souvient que chacun d’entre eux, à la veille du scrutin, avait prévu de battre ses adversaires dès le premier tour. Promesse tenue et de quelle manière !

Si Alpha Condé s’en sort avec un peu plus de la moitié des suffrages exprimés, son voisin, lui, pourra se vanter d’avoir obtenu un score stalinien. Un triomphe électoral, véritable revanche sur une certaine forme d’ostracisme dont ils avaient été victimes dans un passé pas si lointain. Aujourd’hui cette victoire haut-la-main leur ouvre à tous deux les portes d’un second et dernier mandat.

Mais arrêtons là les comparaisons, car ce qui attend l’un n’est pas forcément comparable à ce qui attend l’autre : en effet, la Côte d’Ivoire doit poursuivre sa relance économique, conforter sa croissance et achever les grands chantiers déjà bien entamés, alors que la Guinée voisine reste ce grand comateux rescapé de la grande épidémie de fièvre Ebola ; un malade qui végète en dépit de très nombreuses médications. Il faut dire que de ce côté-là de la frontière, les difficultés sont si immenses que chaque avancée, aussi grande soit-elle, ne représente qu’une petite goutte dans le gouffre du château d’eau de l’Afrique de l’Ouest. Et Alpha Condé en aura, du pain sur la planche dans un pays au riche potentiel, mais où tout reste à faire.

Sur le plan politique, étant l’un et l’autre à leur dernier mandat, ils devront gérer des querelles de succession, beaucoup plus féroces à Abidjan qu’à Conakry : en effet, si on ne connaît pas le dauphin putatif d’Alpha Condé, chez son voisin Alassane Ouattara, les échauffourées et autres coups fourrés ne manqueront pas, surtout avec la fusion annoncée de la grande famille houphouëtiste.

On en a déjà un aperçu avec le face-à-face entre le président de l’assemblée nationale, Guillaume Soro, et le ministre de l’Intérieur, Ahmed Bakayoko, qui sont quasiment à couteaux tirés. Et comme si cela ne suffisait pas, le mythique PDCI, qui avait enterré ses ambitions politiques sur l’autel du second mandat d’Alassane Ouattara, ne manquera pas de les faire valoir dans la perspective des prochaines échéances. Ainsi, le temps risque fort d’être rapidement à l’orage en Eburnie …

A moins qu’ADO, qui parle déjà de révision constitutionnelle pour en « supprimer les germes conflictogènes », ne soit tenté de remettre le compteur à zéro, empruntant ainsi la voie de son illustre hôte, Blaise Compaoré, qui on le sait, s’est révélée pour ce dernier… sans issue.

H. Marie Ouédraogo

Source: L'Observateur Paalga

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