Environnement pollué: Dr Boiro, ministre guinéen des « os » et friches ?

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Si la Guinée n’est pas encore l’enfer, elle reste quand même encore trop éloignée du jardin d’Eden. Ce territoire remplit toutes les conditions pour se développer, sauf la principale : une bonne gouvernance. Le véritable scandale du pays n’est pas géologique mais tout simplement politique. Depuis la proclamation de son indépendance, sa classe (caste ?) politique n’a pour but que de se maintenir au pouvoir pour mieux détourner l’aide extérieure et siphonner les recettes provenant de l’extraction minière.

En Guinée, c’est ce dont on parle le plus qui existe le moins : développement économique et social, unité nationale, démocratie, sécurité des personnes et des biens, etc.

- Le développement ? La Guinée qui s'est engagée résolument dans la voie du sous-développement, a réalisé bien des« progrès » significatifs dans ce domaine : rien ne marche ! Tout ce qu’on fait avec résolution finit par arriver. Depuis des décennies, la pluvieuse Guinée importe du riz, ce qui prouve que quand on veut, on peut. Qu’on interroge les Anciens : les populations guinéennes ne vivaient pas plus mal avant 1958 qu'aujourd'hui mais, par une prétendue dignité, il ne faut surtout pas le dire publiquement car ce serait politiquement très incorrect et viscéralement perçu comme une attaque contre le "peuple laborieux" de Guinée. Bien entendu, la Guinée de l'époque coloniale avait ses injustices. C’est l’indépendance, souhaitée par tous, qui aurait été mal préparée. Dès le départ, la Guinée avait une crampe nommée Sékou Touréet ne pouvait, de ce fait, avancer sur la voie du progrès par le travail, la justice et la solidarité.

 - L’unité nationale ? Le découpage de la Guinée a permis de juxtaposer des communautés qui n'ont pas donné leur avis pour cette cohabitation forcée. Elles auraient pu constituer une nation mais on en est loin car les Guinéens vivent moins ensemble que côte à côte. Il y a des mariages mixtes mais pas réellement de brassage. La Guinée n’est pas une famille, du moins pour le moment, mais un pays qui, au rythme où vont les choses, ne pourrait pas ne pas connaître un jour la famine.

- La démocratie ? Une démocratie suppose des élections. Mais encore faut-il qu’elles soient libres et transparentes. On a toujours voté en Guinée, mais dans l’opacité la plus totale. Sous Sékou Touré, son « centralisme démocratique » faisait de lui le centre de tout, le « Responsable Suprême de la Révolution ». Son slogan « l’homme qu’il faut à la place qu’il faut » a permis d’inverser la pyramide des valeurs : en mettant le danseur à la place du calculateur, la Guinée s’est sous-développée à un point tel qu’on a du mal à inverser la tendance. Aujourd’hui, sous un vernis démocratique, les Guinéens « élisent » leur dictateur.

- La sécurité ? A Conakry, circuler dans une belle voiture fait de vous une cible pour les tueurs. Une belle maison y devient un lieu d’exécution, facilement identifiable par un groupe électrogène dont la lumière produite ne dissuade aucun bandit habitué à opérer en plein jour. Même s’y habiller correctement fait de vous un nanti à détrousser ! C’est dans cet environnement que se meuvent les Guinéens : un zoo avec des animaux très sauvages et quadrillé par des braconniers pour lesquels l’écologie est le cadet des soucis. Eh oui ! La Guinée est en friche et ses dirigeants s’en fichent. La faute à qui ?

Certainement pas à Alaye Condé tout seul. En effet, si ce dernier au teint terreux est arrivé au pouvoir, c’est que l’environnement s’y prête. Sékou Touré voulait créer en Guinée un « homme nouveau doté d’une conscience nouvelle ». Il a réussi cette création et ce « guinéen nouveau », devenu majeur, est maintenant majoritaire dans le pays. Le mensonge, la démagogie et la cupidité sont ses caractéristiques principales. Ces fausses valeurs constituent maintenant le « patrimoine commun » de la Guinée. Héritier de Sékou Touré, l'imam Alaye Condé gère ce « patrimoine » qu’il fructifie tous les jours en y ajoutant sa dose d’ethnocentrisme unidirectionnel et de violence ciblée.

- L’ethnocentrisme unidirectionnel ?C’est un euphémisme car, en réalité, il s’agit d’une politique d’exclusion d’une certaine communauté dont les membres ne méritent même pas un poste de planton dans l’Administration.

- Une violence ciblée ? Voyez la liste des victimes. Ce sont toujours les mêmes qu’on blesse, qu’on tue, qu’on viole, qu’on vole, qu'on taxe et qu’on humilie. Ces crimes ne devraient pas être étendus à d’autres mais cesser immédiatement sur toute l’étendue du territoire. Le dernier crime est la nomination, par décret présidentiel du 26/11/2012, du Dr Ibrahima Boiro comme Ministre de l’Environnement, des Eaux et Forêts. Oui, je le dis bien, cette nomination dans les circonstances actuelles n’est pas une maladresse politique mais un crime de plus dans un contexte où la dignité s’est éclipsée. En effet, le Dr Boiro est le veuf (vraiment vif !) de Mme Aïssatou Boiro, Directrice Nationale du Trésor, assassinée le 09/11/2012, soit deux semaines seulement avant ce maléfique décret. Dans cette histoire (quoi d’étonnant en Guinée ?) la nomination du Dr Boiro est cynique et l'acceptation de ce dernier, indigne. Quel rappel douloureux! De fin octobre 1958 à début mars 1984, Sékou Touré ne semait pas le riz dans nos plaines mais la zizanie dans nos familles : tout en promouvant quelqu’un à des responsabilités politiques ou administratives, il incarcérait soit son frère, soit son cousin ou éliminait un membre important de sa famille ! Alpha reprend ainsi la Guinée là où Ahmed l’a laissée. Flinguée par balles le 9, Mme Boiro vient d’être tuée par décret le 26. Cette fois-ci, elle est vraiment morte et définitivement enterrée par le comportement de son mari.

 

Voici dix petites questions qui fâchent:

- La Directrice Nationale du Trésor aurait-elle été assassinée si elle portait le nom Bayo ou celui de Baro (localité de Kouroussa?) au lieu de Boiro ?

- Si les brutes incultes savaient que Boiro est un nom peulh, leur victime n'aurait-elle pas été abattue plus tôt?

 - Le Dr Boiro a-t-il déjà fait si vite son deuil et peut-il regarder ses enfants en face? Se demande-t-il comment Mme Boiro, qui réside maintenant dans la "Cité de la vérité" l'observe à présent?

- Le fétichisme étant répandu au pays, le Dr Boiro ne craint-il pas que certains l’accusent d’avoir sacrifié son épouse pour obtenir une promotion individuelle plus insultante que consolante ?

- Un poste ministériel est-il suffisant pour sécher des larmes ?

 - Par la torture psychologique qu’il inflige à ses enfants, le Dr Boiro ne fait-il pas de sa concession un micro « camp Boiro » dont il est le seul maton ?

 - Le Dr Boiro, en tant que ministre des « os » ou du zoo, serait-il à l’aise dans un gouvernement en côtoyant éventuellement les commanditaires de l’assassinat de son épouse (mal ou bien-aimée) ?

 - Ayant apparemment de quoi vivre, le Dr Boiro ne devrait-il pas demander au Pr. Condé de faire arrêter les assassins de son épouse au lieu d’accepter un strapontin pour des raisons bassement matérielles?

- La fin tragique de Mme Boiro ne montre-t-elle pas à un ministre des "os" qu'être collabo d'AC ne suffit pas pour sauver sa peau? - Enfin, le Dr Boiro est-il vraiment Boiro ?

 Heureusement, j'en ai connu d'autres... Je vous salue !

 

Ibrahima Kylé DIALLO Responsable du site www.guineeweb.net

I.Kylé Diallo

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