Kanny Diallo : "Il est parfois nécessaire de créer de la dette"

11361452lpaw 11404881 jpg 4786458ENTRETIEN. Alors que la Guinée vient d'obtenir 21 milliards de dollars de financement pour son développement, tous les regards sont braqués sur la mise en œuvre de ses engagements. La ministre du Plan explique.

La Guinée, comme le Tchad ou le Burkina Faso avant lui cette année, la Côte d'Ivoire en 2016 ou encore le Niger dans les prochaines semaines, a ressorti de ses cartons son PNDES : comprenez son Plan national de développement économique et social. Comme ses États voisins, le pays d'Alpha Condé a choisi Paris, la capitale française, pour rassembler ses partenaires publics et privés venus aussi bien des États-Unis que de la Chine ou encore de la Russie et de l'Inde. L'objectif est de financer les grands projets de développement, qui reposent sur quatre piliers : la promotion de la bonne gouvernance, la croissance économique, le développement du capital humain et une gestion durable des ressources naturelles, a rappelé la ministre. Entamé en 2016, s'il est bien mené, ce plan quinquennal devrait ramener le taux de croissance à deux chiffres en 2020, soit près de 10 %, contre 6,6 % en 2016 et 6,7 % en 2017. Trop ambitieux  ? Irréalisable  ? Pour l'instant, sur le papier, la Guinée peut y aller. Notamment parce que le pays connaît de bons résultats macroéconomiques : son niveau d'endettement est de 41 % et son déficit public, inférieur à 2 %. Mais sa dépendance aux matières premières fragilise son économie, malgré une récente refonte de son Code minier. À la fin de la mission du groupe consultatif le vendredi 17 novembre, la Guinée a récolté plus de 21 milliards de dollars, dont près de 6 milliards de dollars de la Chine dans le cadre de l'accord de coopération stratégique et financier signé à Xiamen en septembre dernier. Le secteur privé veut aussi peser de tout son poids maintenant que le cadre des investissements s'est largement réformé, il prend des engagements financiers à hauteur de 7 milliards de dollars. Kanny Diallo, ministre du Plan et de la Coopération internationale depuis deux ans, doit mener à bien ce nouveau cap. Elle a répondu aux questions du Point Afrique.

 

Les Promesses d'investissements

 
 

Comment allez-vous mettre en œuvre ces nouveaux chantiers dans des secteurs-clés comme celui des mines, l'électricité, l'environnement ou encore l'agriculture, etc. ?

 

Le Groupe consultatif a permis au gouvernement de nouer des partenariats stratégiques autour du Plan national de développement économique et social (PNDES) 2016-2020 et de lever plus de 20 milliards de dollars qui financeront 52 projets structurants dans le cadre du Programme national d'investissement (PNI). Parmi ces projets, certains concernent en effet les secteurs que vous mentionnez.

Plus précisément, le budget comprend notamment le financement de grands chantiers d'infrastructures comme le barrage hydroélectrique de Souapiti (540 MW), inscrit dans le programme national d'amélioration de l'accès à l'électricité en Guinée. Les fonds levés permettront également la construction de routes et de voies de chemin de fer. Ils participeront également au développement des services de protection sociale et au renforcement du système éducatif.

Votre pays est cité parmi ceux qui ont le niveau de dette intérieur le moins élevé, ne craignez-vous pas justement en faisant de nouveau appel aux investissements extérieurs de vous endetter encore plus ?

Le niveau d'endettement de la Guinée n'est aujourd'hui que de 41 %. On le sait, l'endettement permet de financer le développement : il est parfois nécessaire de créer de la dette, mais il faut que ce soit de la bonne dette. La bonne dette, c'est quand on s'endette pour investir dans des projets porteurs de croissance, mais pas dans le fonctionnement.

N'est-ce pas trop risquer de dépendre de partenaires extérieurs ? Que dites-vous aux Guinéens qui veulent investir dans leur pays, mais aussi à ceux qui apportent déjà localement des solutions aux problèmes quotidiens ?

Je comprends ces réactions, mais nos ressources internes ne peuvent pas suffire. Pour pouvoir s'autofinancer, il faut des excédents budgétaires. Or, nous ne sommes pas en cette capacité : nous dépensons un peu plus que ce que nous recevons en recettes intérieures. C'est donc tout l'intérêt et l'objectif des appuis budgétaires : rétablir cet équilibre. Ce n'est pas avec les aides extérieures que nous nous développerons. Mais elles contribueront au développement de la Guinée.

Notons quand même que la Guinée a gagné 15 points dans le dernier classement Doing Business, comment expliquez-vous ces bons résultats ?

Ce bon résultat, il souligne que la perception du secteur privé guinéen et plus globalement de notre économie est bonne. Notre objectif est maintenant de capitaliser sur cette bonne image grâce au PNDES pour accélérer le développement de notre économie et plus globalement de notre pays.

 

Propos recueillis par Viviane Forson 

Source: Le Point Afrique

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