Quel enseignement tirer des résultats catastrophiques des examens nationaux ?

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Rebelote pour nos pauvres élèves !...Les résultats  couperet  des principaux examens nationaux (CEP, BEPC, Baccalauréat) sont  tombés dru cette année encore, ne faisant point de quartier. Un taux de réussite global très largement en baisse. À vrai dire, une belle hécatombe qui met à quia, mais qu'on érige en trophée.Somme toute, un drame de plus à la crise sociopolitique, économique et sociétale guinéenne en voie de se gangrener.

Avant que les abonnés du  bahut ne se remettent de leur luge et reprennent tout bonnement le chemin de l’école, très tardivement comme à l’accoutumée (en octobre probablement, voire avant ou après, pardieu ! ce sera au bon vouloir  de nos pontes et de leurs lubies, si notre budget national bancal le permet, inchallah), le ministre de l’Education Nationale, un brin sadique, commente avec un rigorisme triomphal le fiasco qui aurait dû, en toute logique,  précipiter sa démission. 

En société, l’effervescence du milieu scolaire, perçu  plus comme un  rituel (normal) annuel dans l’apprentissage de la vie d’une jeunesse  à  l’avenir vague, que le reflet d’un désastre ; n’émeut pas plus que l’indifférence voire le profil  bas des parents d’élèves.

Des résultats scolaires au plus bas qualifiés de...satisfaisants 

A défaut de pouvoir effectuer une analyse approfondie (par catégorie sociale, sexe, école d'origine, préfecture, commune, et même à la tête du client...), nous nous contenterons des chiffres comparatifs des deux dernières années (pourquoi que cette période?), tels que donnés en vrac par le  ministre de l'Education Nationale :

- Baccalauréat unique : 19,8 %  d'admis l'an dernier, pour 23,6 %  cette année. Tout en  précisant, aux dires même de Dr Kourouma, qu' « en Sciences Mathématiques, ils sont passés de 15 et quelques à 21 pour cent. Et en Sciences Sociales, le taux de succès est parti de 27 pour cent l’an passé à 32 pour cent, cette année.»

- BEPC : évolution de 21 %  à 25  %  de 2011 à 2012

- CEP ou entrée en 7ème année : 40%  de réussite cette année, contre 32 % pour le millésime 2011

« Il y a eu une légère amélioration cette année. Cette amélioration est due aux différentes reformes (lesquels?) que nous avons apportées. En ce qui concerne le volume horaire  (de quoi ?) enseigné, nous sommes passés de 628 à 840 heures. Cela (que ça!  Est-ce suffisant?)  traduit l’impact de ces nouvelles reformes sur notre système éducatif’’ (...) et, je suis très satisfait », jubile le « benjamin du gouvernement ».

Des mesurettes!!!  Au regard  du profond délabrement de l'école de la république. A moins qu'ils ne soient fleur bleue « la haut ».

Sans un  « Projet Educatif »  clair, adapté à la mondialisation, avec un  budget conséquent alloué à l’éducation nationale, au lieu de refaire continuellement le coup du bouc-émissaire en  stigmatisant  les enseignants, l'école guinéenne continuera de produire des mal formé(e)set des chômeurs au mieux, au pire , des ratés sociaux (délinquants,  chômeurs , déviants sociaux de tout poil). Mais pour cela, il faut nécessairement que les gouvernants trouvent  leur compte  en envoyant, non pas à prix d'or leurs rejetons dans les écoles occidentales les plus huppées, mais à la même école que la majorité des guinéens. On peut toujours espérer (rêver) que nos dirigeants soient touchés par la grâce.

L’école guinéenne, une faillite causée par l’irresponsabilité de l’Etat

Ce serait simpliste, limite grossier, d’imputer les mauvais résultats scolaires au seul manque de niveau des enseignements ou des élèves, comme s'évertue à le faire le ministre de l’Education Nationale.

Il n’y a pas non plus lieu de confiner le cinglant revers académique de cette année, à la simple frivolité  d’une « légère amélioration » de soi-disant  reformes au nom d'un certain changement.

Bien plus qu’un  simple un accident de parcours ; un léger mieux tout au plus, ces résultats catastrophiques, plus qu’une  incurie, sont  symptomatiques du mépris systématique de l’Etat à l’endroit de l’école et de tout celui relève du travail de l’esprit en Guinée.

Laissé pour compte d’un système pervers, l’école guinéenne est quasiment un échec depuis l’indépendance. C’est un fait.

Du coup, on pourrait être tenté d’expliquer le naufrage de l'enseignement guinéen par l’obscurantisme viscéral de ceux qui ont  successivement dirigé  le pays de 1958 à aujourd’hui.

Pour peu qu’on soit  lucide, c’est fort possible de redresser la barre et sauver notre école de ses déboires  ambiants.

Il faudrait toucher du bois pour que ce gouvernement en prenne le chemin. Ce qui est loin d’être probable.

L’émergence d’une école valorisante en Guinée passera par une démocratie saine et humaniste  (institutions viables, corruption éradiquée, conscience citoyenne,  société désesthnicisée).

D’ici là, c’est le fils du pauvre qui continue de faire les frais d’un enseignement au rabais. Et Dieu sait, sans vouloir peindre le diable sur la muraille, combien la mouise,  il y en a en Guinée.

 

Oury Baldé

Oury Baldé

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