Violences inter-communautaires, le rapport qui accable

Rapport gn 5110a

Près d’une année après les violences intercommunautaires au sud-est de la Guinée, une ONG guinéenne des droits de l’Homme a présenté son rapport. Le rapport sanctionnant l'enquête sur les violences intercommunautaires survenues en Guinée voici un an vient d'être publié par la Ligue Guinéenne des Droits de l'Homme (LIGUIDHO).

A travers ce document de 46 pages, la LIGUIDHO dresse un bilan de 217 morts dont 73 femmes et 48 enfants, 473 blessés dont 148 femmes et 104 enfants et 267 personnes disparues.

Les violences ayant éclaté dans la nuit du 15 juillet 2013, avaient opposé la communauté des Koniankés (musulmans) à celle des Guerzé (chrétiens). La goutte d'eau qui a fait déborder le vase découle du meurtre à la machette d'un jeune homme, nommé Ibrahima Kalil Kéita, par un certain Jean Soumaoro, gardien d'une station-service à Koulé, localité située à 15 km de la préfecture de Nzérékoré (plus de 1000 km au sud de Conakry).

Le rapport d'enquêtes est intitulé ''après les violences intercommunautaires de juillet 2013, les victimes de Koulé, Nzérékoré et Beyla demandent que justice soit faite''.

Me Emmanuel Bamba, président de la LIGUIDHO rappelle que les causes des violences en Guinée forestière découlent de plusieurs origines.

La LIGUIDHO rappelle qu'en 1991, l'ancien président, feu général Lansana Conté, avait tenu un discours politique à Nzérékoré qui était de nature à opposer les Guerzés aux Koniankés et Malinkés en déclarant ''si les Koniankés ou les Malinkés veulent accéder à des postes électifs : députés ou maires, ils n'ont qu'à aller faire acte de candidature en Haute Guinée qui est leur région d'origine et non en Guinée forestière.''

Me Bamba a déclaré que ce discours avait été tenu à l'occasion d'une campagne pour les élections municipales à Nzérékoré où Michel Guely (Guerzé), candidat du Parti de l'Unité et du Progrès (PUP) de Lansana Conté était opposé à Ibrahima Kalilou Kéita (malinké, proche des Koniankés) et candidat du Parti du Rassemblement du Peuple de Guinée (RPG) d'Alpha Condé (actuel président guinéen).

Chômage

La Ligue fustige aussi l'impunité suite aux différentes violences intervenues dans cette région depuis des années.

''En dépit des violences récurrentes entre les Guerzés et les Koniankés, l'impunité a été entretenue par l'Etat à telle enseigne qu'à l'occasion des violences, chaque communauté pense que quelle que soit le tort qu'elle aura à causer à l'autre, elle ne sera jamais inquiétée,'' dénonce Me Emmanuel Bamba.

L'avocat révèle aussi la présence ''d'éléments incontrôlés, l'utilisation d'armes de guerre, d'armes légères, de fusils de chasse, de machettes et d'autres armes blanches''. La lecture des sources documentaires et les témoignages recueillis par la LIGUIDHO, ont confirmé la présence à Nzérékoré et à Beyla ''d'éléments issus de l'Ulimo ainsi que des volontaires qui ont appuyé l'armée guinéenne lors des attaques rebelles du pays en 2000'', soutient le président de l'ONG.

Pour mettre fin aux violences intercommunautaires dans la région où la population est estimée à près de 3 millions d'habitants, l'organisation de défenses des droits humains recommande ''la tenue d'un procès juste et équitable, dans un délai raisonnable, pour toutes les parties dans l'affaire des violences de juillet 2013. »

L'organisme prône également « des opérations de ratissage et de désarmement en région forestière,» tout en favorisant la création d'emplois pour lutter contre le chômage dans la région.

Source: Afrique Actualité

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