Poullo de Guinée, perpétuel émigré

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Le destin du Peuhl est indubitablement lié aux pérégrinations. Son omniprésence,  quelque chose de  proverbial. Ses moult périples l’ont conduit aux quatre  (4)  coins de la terre. De ce nomade sédentarisé aux origines controversées, la barbarie du sanguinaire Sékou Touré fît  un globe-trotteur condamné à l'errance,  ayant hanté même  depuis  l'exil la paranoïa  d'AST.

Inarrêtable  paladin en quête d’horizons meilleurs, le Peuhl, ainsi que ses deux (2) millions de compatriotes guinéens, fut naguère  persécuté et  astreint  à l'exil ou au  cercueil, réduit au statut d'immigré ou voué aux "geôles du diable" .

La descente aux enfers commence réellement à partir de la date fatidique de 1976 avec le fameux complot  dit « complot peuhl » qui voit  l'assassinat de Diallo Telli. C'est dès lors  le début d'une longue errance en chemin de croix  devant l’éternel.

L’immigration économique apparaitra  plus tard sous Lansana Conté, autour des années 90, dans le sillage des PAS (Politiques d’Ajustement Structurel)  qui ont atrocement paupérisé  les pays africains. A partir de ce moment là, le rêve de l’eldorado occidental poindra et/ou s’affermira, à la suite des précédents exodes dans la sous-région (Liberia, Sierra-Leone, Côte-d’Ivoire, Gambie, Sénégal, Guinée-Bissau, Angola récemment) et un peu partout en Afrique. 

De nouveaux migrants  s’établiront ainsi  par vagues successives aux USA en premier, très prisés pour l'attrait de leur superpuissance et  leur rayonnement  universel. L’Espagne, le Portugal, la Belgique, le Royaume -Uni  seront de plus en plus pris d’assaut. La France dans une moindre mesure, beaucoup moins à cause de l’antécédent colonial que  l’image austère  qu’elle dégage  auprès des Guinéens.

Récemment, la foulaphobie viscérale d'AC a de nouveau « poussé  bon nombre dehors »...

Dans cette  quête ininterrompue de havre de paix et de soi aussi,  plus la zone de résidence est éloignée du bercail (Fouta, Guinée), plus le risque de perde ses valeurs culturelles (langue, us et  coutumes) s’est trouvé grand.

La diaspora  Peuhle de Guinée de par le monde pourrait (à la grosse la louche)  dépasser les 10 millions  d'êtres humains.

Il est plus que temps que cet immense potentiel  humain disséminé depuis des lustres à tous les vents prenne le chemin du retour pour participer au développement du pays. Mais ne nous y trompons pas .Cela  ne passera  que par la mise en place d'une réelle politique attractive de retour : sensibilisation, appel ouvert au retour, implication au plus point des autorités politiques et leaders d'opinion. Tabittal International, ou une de ces nombreuses associations Peuhles, devrait, par exemple,  se réapproprier de cette initiative salutaire.

Le rôle de la diaspora dans le développement d'un pays n'étant  plus à démontrer, cette communauté pourrait nous apporter son dynamisme, son expérience, toutes ses valeurs ;  atouts considérables dont la Guinée tirerait  grandement parti .Après tout, le pays  a bien besoin de toutes ses ressources pour son décollage .Pourquoi devrait-on se priver donc  de cet énorme capital humain ? En tout cas, «  il n'y a de richesse que d'hommes ».

Le Peuhl, c'est en soi,  depuis, une identité éclatée qui,  par ses incessants exodes denotant une certaine demission , risque d'être de plus en plus dissolue jusqu'à l'extinction totale, s’il ne tient garde.

Poullo!  "Pierre qui roule n'amasse pas mousse"… Hidha  yahah  toun, hidha  yahah. Ha hondhè yahatah ? Hondhè  hotatah? Hondhè tabitatah? ?  Nanou : Kossi a iwih  ka galèh babama  dho si godho wadha diagou  ton.

 

Oury Baldé

Oury Baldé

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