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Un résumé sur la CEDEAO pour mieux apprécier sa décision de suspension de la Guinée
- Par Administrateur ANG
- Le 16/01/2009
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Les soutiens du Président sénégalais et du Guide de la Révolution libyenne n’ont pas suffi. La Guinée est suspendue des instances décisionnelles de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Pour comprendre cette décision, nous nous proposons de faire un survol historique de l’organisation sous-régionale ouest-africaine afin de mieux cerner ses principes fondateurs, d’évoquer l’avènement de la problématique de la paix et de la sécurité au coeur des préoccupations de la Communauté avant d’aborder la portée de cette décision de suspension de la Guinée et l’analyse critique qu’on peut en faire.
I. Bref exposé sur la CEDEAO et ses principes fondateurs
La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest est une organisation internationale sous-régionale regroupant quinze Etats de l’Afrique occidentale (après le retrait de la République islamique de Mauritanie en 2000). Elle a été fondée à l’initiative de feu le Général Eyadéma GNASSINGBE qui lança une consultation au niveau des Chefs d’Etats de la Sous-région, en 1972, en vue de la constitution d’un ensemble économique subrégional pour faire face aux défis du développement économique que les Etats, pris individuellement, sont incapables de relever. Ces consultations ont abouti à la signature du Traité constitutif de la CEDEAO en 1975 à Lagos.
Comme l’indique sa dénomination, la CEDEAO est, et reste une organisation à caractère essentiellement économique, même si elle s’est dotée, ces dernières années, d’institutions supranationales (un Parlement et une Cour de Justice) qui lui octroient une dimension politique indéniable. Ses principaux objectifs, tels que définis par son Traité constitutif, lui-même révisé en 1993, sont la création d’un espace économique dont la libre circulation des personnes, des biens, des services et des capitaux est assurée par la suppression progressive des restrictions quantitatives à l’entrée des marchandises en provenance des autres pays de la Communauté, la levée des droits de douane et des taxes d’effets équivalents et des barrières tarifaires et non tarifaires ainsi que la garantie de droit de résidence et d’établissement.
Mais plus de 15 ans après sa fondation, l’organisation restait au point mort. Cet état de fait était dû, notamment, aux sempiternelles querelles de leadership et de la différence d’orientation économique et politique sur fond de la Guerre froide et de la confrontation Est-Ouest. Les années 1990 allaient ajouter à cela l’apparition d’un nouveau phénomène que constituent les conflits armés internes (guerres civiles). D’où la prise en compte de cette nouvelle réalité par les Etats membres en vue de poursuivre et d’atteindre les objectifs initiaux de leur organisation.
II. La prise en compte de la problématique de la paix et la sécurité entant que facteur indissociable du développement économique et social
La véracité de la trilogie Paix-Sécurité-Développement n’est plus à démontrer. L’Afrique de l’Ouest en a fait l’amère expérience tout au long des années 1990 avec l’embrasement de la sous-région qui commença par le Liberia. Mais ce qui est particulièrement intéressant par rapport à la CEDEAO entant qu’organisation régionale, c’est qu’au moment où éclatait la guerre du Liberia, en décembre 1989, l’organisation n’était dotée d’aucun dispositif juridique lui permettant de faire face à une telle situation. Car les accords qui existaient à cette époque là, se limitaient à un Traité de non-agression signé en 1978 à Freetown et un Accord d’Assistance mutuelle en matière de Défense, mis en place en 1981 dont la disposition charnière a la même formulation que l’article 5 du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), c'est-à-dire que toute attaque extérieure à l’encontre d’un Etat membre de la Communauté est considérée comme une attaque à l’encontre de la Communauté tout entière. Mais cet accord ne prévoyait rien quant aux conflits d’ordre interne. Il a donc fallu un aménagement spécial, un accord ad hoc, pour constituer la force d’interposition de la CEDEAO, connue sous le nom de l’ECOMOG (Ecowas Cesse-fire Monitoring Group- Groupe d’observation de cessez-le-feu de la CEDEAO), signé en 1990 à Banjul.
C’est le constat de ce vide juridique, exacerbé par l’embrasement de la Sierra Leone en 1991, qui a déterminé les dirigeants de la CEDEAO à procéder à une révision substantielle de son Traité constitutif, en 1993, afin de renforcer non seulement la capacité institutionnelle de l’organisation pour l’avancement de l’intégration économique pour faire face à la nouvelle donne héritée de la chute du Mur de Berlin, dominée par la mondialisation de l’économie et de la globalisation financière qui marginalisent les économies faibles, mais aussi de la doter d’arsenaux juridiques, avec un processus décisionnel assoupli, pour répondre aux défis conflictuels de la sous-région
Sur le plan de la paix et de la sécurité sous-régionales, les principales innovations apportées par la révision de 1993 se trouvent dans l’art 58, qui engage les Etats membres à coopérer avec la Communauté pour l’établissement et le renforcement des mécanismes appropriés en vue de la prévention à temps, la gestion efficace et la résolution durable des conflits inter et intra étatiques. Pour traduire cette disposition cardinale en un engagement résolu, les décideurs ont élaboré un protocole, faisant partie intégrante du Traité, et dénommé «Protocole sur le Mécanisme de Prévention, de Gestion, de Règlement des Conflits, du Maintien de la Paix et de la Sécurité», adopté le 10 décembre 1999 à Lomé (que nous désignerons par le terme Mécanisme).
Ce Mécanisme met en place des procédures institutionnalisées de règlement des différends, allant de la création d’un système d’alerte précoce, à l’envoie des personnalités de la sous-région pour conduire des missions de diplomatie préventive, (telle que celle conduite en février 2007, par le Général Babangida et le Président de la Commission de la CEDEAO, le Dr. Mohamed Ibn CHAMBAS), jusqu’au déploiement des Forces alliées de la Communauté (FAC), qui remplacent l’ECOMOG. Mais malgré le volontarisme à toute épreuve de ses rédacteurs, le Mécanisme ne résout pas toutes les questions liées à la paix et à la sécurité sous-régionale, en ce sens qu’il passe sous silence les causes conflictuelles endogènes découlant de la violation massive et répétée des droits de l’homme et des libertés fondamentales, de la mal gouvernance, de la conquête et la conservation du pouvoir par la force etc.
C’est pourquoi, deux ans après son adoption, le Mécanisme a été complété par un protocole additionnel, désigné sous le nom de «Protocole sur la Démocratie et Bonne Gouvernance, additionnel au Protocole sur le Mécanisme de Prévention, de Gestion, de Règlement des Conflits, de Maintien de la Paix et de la Sécurité», adopté le 21 décembre 2001 à Dakar.
Les principales innovations de ce Protocole additionnel consistent en la définition et la cristallisation d’un certain nombre de principes généraux de droit et de liberté assortis de sanctions. Parmi ces principes, reconnus comme «des principes de convergence constitutionnelle», on peut citer : La séparation des pouvoirs, l’indépendance de la justice, l’interdiction d’accéder ou de conserver le pouvoir par d’autres moyens que des élections libres, honnêtes et transparentes, l’affirmation de la laïcité de l’Etat, la garantie et la protection des droits fondamentaux contenus dans la Charte africaine des Droits de l’homme et des Peuples et les instruments internationaux relatifs aux droits de la personne humaine, la liberté de créer des partis politiques et le libre exercice des activités politiques… Ces principes sont définis comme étant des «principes constitutionnels communs à tous les Etats de la CEDEAO». Dès lors, la violation continue d’un seul d’entre eux peut exposer son auteur à des sanctions. D’où la suspension de la Guinée des instances décisionnelles de l’organisation, pour Coup d’Etat, le 10 janvier 2009. Tout comme il été le cas en 2005 au Togo, suite à la mort soudaine du Général Gnassingbé. La troisième et dernière partie va s’atteler à analyser la potée et la justesse de cette décision de suspension de la Guinée avant de terminer par identifier les faiblesses actuelles de notre organisation.
III. Portée et analyse critique de la décision de suspension de la Guinée des instances décisionnelles de la CEDEAO
Emboîtant le pas à l’Union africaine, la CEDEAO suspend la Guinée de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement et du Conseil des Ministres, les deux organes principaux de l’organisation. Cette décision de la CEDEAO n’a pas surpris ceux qui connaissent les relations entre l’organisation continentale et les organisations sous-régionales africaines. Car il existe une exigence de conformité ou de non contradiction des actes des organisations sous-régionales par rapport à ceux de l’organisation panafricaine.
Quant à la portée de cette suspension, on dira qu’elle aura pour conséquence, de marginaliser la Guinée, de la priver des ressources indispensables pour entamer les réformes nécessaires à l’amélioration des conditions de vie des populations, et surtout, d’empêcher le nouveau pouvoir d’organiser les élections promises à temps, faute de moyens propres de l’Etat. Ce qui peut conduire à la radicalisation de la junte et à l’exacerbation des tensions économiques et sociales. Cette hypothèse est d’autant plus plausible que la Communauté internationale, du moins ceux qui se désignent d’en être les dignes représentants, s’arrange désormais systématiquement derrière les positions de l’Union africaine pour tout ce qui touche aux questions africaines, notamment en matière de résolution de conflit ou de la prise de sanctions.
On doit se demander à présent si la suspension de la Guinée est fondée en droit.
Pour répondre à cette question, il faut noter, dans un premier temps, que notre pays est signataire et a ratifié tous les traités et protocoles de la CEDEAO, dont le Mécanisme et son Protocole additionnel, qui interdit toute accession ou conservation du pouvoir par d’autres moyens que des élections libres et transparentes. Sur la base de ces principes, on pourrait répondre d’emblée que la prise du pouvoir par le CNDD est contraire aux engagements librement consentis par la Guinée. Et dès lors la suspension de notre pays serait conforme au droit communautaire ouest-africain.
Mais dans un deuxième temps, comme l’ont souligné beaucoup de compatriotes avant moi, en particulier le juriste Ibrahima Sory Makanéra et M. Sy Savané, en tenant compte de certaines circonstances exceptionnelles inhérentes à la situation guinéenne depuis l’expiration du mandat de l’Assemblée nationale, on est juridiquement fondé à donner une réponse contraire. Parce que, premièrement, les élections qui ont mis cette assemblée en place n’étaient ni libres, ni honnêtes, ni transparentes, comme l’exige le Protocole additionnel au Mécanisme. Il faut rappeler que ces élections ont été boycottées par les principaux partis d’opposition, à l’exception de l’UPR, «pour ne pas cautionner une mascarade électorale». Deuxièmement, l’article 1er, lettre C) du même Protocole stipule que «Tout changement anticonstitutionnel est interdit, de même que tout mode non démocratique d’accession ou de maintien au pouvoir». Or, si l’on soutien que la prise du pouvoir par le CNDD n’était pas conforme à ces exigences, la «prorogation» par l’Assemblée nationale de son propre mandat, lui permettant par ricochet de se maintenir au-delà du terme fixé par la loi, est un «mode non démocratique de se maintenir au pouvoir». A partir de là, la thèse du Président sénégalais, Me Wade, est bien soutenable, puisque dès la mort du Général Conté, le pouvoir exécutif n’avait plus d’héritier légal et légitime. La théorie d’effectivité défendue par M. Laafa SOW est, à cet égard, inopérante. Surtout que l’Assemblée nationale et son président d’alors ont activement participé à des manœuvres dilatoires visant à empêcher systématiquement la ténue des élections législatives. Et sur la base de ces faits, l’argument selon lequel les actes posés par l’Assemblée d’alors et le traitement qu’elle recevait à l’intérieur et à l’extérieur de la Guinée avait fini par cristalliser une opinio juris necessitatis, (l’élément essentiel de la coutume entant que source de droit, et qui consiste à se conformer à une pratique répétée en croyant que ce que l’on fait est une obligation juridique), est également insoutenable. Car tout le monde sait que le pouvoir de Conté était porté par les armes des soldats de l’armée. Et la résignation du peuple face à sa dictature ne signifiait absolument pas acceptation. Les évènement de janvier et février 2007 le prouvent suffisamment. Or l’opinio juris ne se crée pas par la violation des principes de droit, soutenue par la violence, elle s’établit, au contraire, par une pratique paisible de bonne foi.
Malgré toutes ces évidences en Guinée, si l’Union africaine et la CEDEAO se sont obstinées à sanctionner la Guinée (la suspension est belle et bien une sanction, contrairement à ce que l’on lit parfois : «la Guinée suspendue, mais pas sanctionnée»), il faut imputer cela aux faiblesses inhérentes aux organisations africaines qui méritent amplement leur dénomination de «syndicat des chefs d’Etat).
Tout d’abord, nos organisations ont été établies de façon tout à fait occulte et fonctionnent dans une quasi-clandestinité. Les organisations en Afrique sont le fruit de travail des politiques et des experts sans demander l’avis des peuples au nom desquels ils sont censé travailler. Nul, en dehors de quelques spécialistes, ne sait comment sont structurées et comment fonctionnent l’Union africaine et les organisations régionales africaines. Elles restent, jusqu’à maintenant des organisations totalement ésotériques. Or, des décisions aussi importantes que l’établissement des organes supranationaux tels qu’une Cour de Justice et un Parlement dont les actes ont valeur supérieure à ceux des organes nationaux des Etats, devraient faire l’objet d’un mandat clair des peuples concernés. A défaut, les peuples ont le droit légitime d’être suffisamment informés de la portée et du but recherché de chaque acte de nos organisations afin de leur conférer une certaine légitimité démocratique.
Ensuite, selon la théorie générale des organisations internationales, une organisation internationale se définit, entre autres, par l’existence de buts et d’organes propres, distincts de ceux des Etats qui la créent. Or en Afrique, les organisations internationales, tout comme les institutions étatiques internes, se créent et fonctionnent sur la base de la volonté des chefs d’Etats. Ceci se remarque surtout dans le processus de prise de décisions. A titre de comparaison, tandis que le Conseil européen (organe composé des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne) n’a de fonction officielle, que de dégager l’orientation générale de l’Union européenne, sur laquelle nos organisation viennent d’ailleurs de se calquer, la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine et de la CEDEAO constitue l’organe décideur suprême. Tout va des chefs d’Etat et tout revient à eux. Nos organisations n’ont aucune existence propre. Pour le cas de la CEDEAO, par exemple, le Mécanisme met en place une sorte de «mini Conseil de Sécurité» dénommé « Conseil de Médiation et de Sécurité» qui est l’organe suprême et composé de neuf Etats membres, sans droit de veto ni siège permanent, qui se réunit au niveau des chefs d’Etat, des Ministres des Affaires étrangères et des Ambassadeurs. Mais les décisions importantes, telle que la suspension d’un Etat membre, sont toujours prises par les chefs d’Etat. Or ceci tiennent tellement à leur pouvoir, parfois ni légal ni légitime, qu’ils n’acceptent aucune exception, même justifiée par des circonstances chaotiques internes (qu’ils sont d’ailleurs les artisans principaux), à la prise de pouvoir sans élections. C’est pourquoi les tripatouillages constitutionnels et autres fraudes massives sont tolérés, mais pas un coup d’Etat, même salutaire comme celui de la Guinée. C’est pour éviter, sans aucun doute, de créer un précédent. Car la situation reste globalement la même dans nos Etats dictatoriaux.
En conclusion, il faut souligner que la suspension de la Guinée était prévisible pour celui qui connaît l’Etat d’esprit de nos chefs d’Etat. Si la prise de pouvoir par les armes avec son cortège de morts sur fond de dictature, de mal gouvernance et de violations massives des droits et libertés fondamentaux sont parmi les maux qui gangrènent les sociétés africaines et qu’il faut absolument interdire, il faut noter que si les organisations africaines veulent se faire prendre au sérieux sur ce sujet, elles doivent accompagner cette interdiction par un corollaire conséquent, c’est-à-dire ne pas reconnaître les régimes issus de modifications aberrantes de la constitution pour assurer une présidence à vie ou des farces d’élections émaillées par la fraude, l’intimidation, les bourrages d’urnes etc. Elles doivent donc s’impliquer davantage pour prévenir et éliminer les causes internes de frustrations et de marginalisations de la majeure partie des populations. Cela doit nécessairement passer par une réforme responsable des nos organisations. Cette réforme doit commencer par la participation des peuples africains au fonctionnement des organisations qui décident en leur nom. Il faut, pour cela permettre aux peuples d’élire directement leurs représentants aux différents Parlements et élargir considérablement le rôle de ceux-ci pour en faire de véritables organes de codécision et de contrôle des organes exécutifs, (comme c’est le cas pour l’Union européenne depuis 1979). Pour illustrer le déficit démocratique de nos organisations, il faut noter que les Parlements de l’Union africaine et de la CEDEAO ne sont composés que des parlementaires nationaux et leurs importance se limitent, jusqu’à nos jours, à des prérogatives simplement consultatives. Leurs résolutions ne lient ni les Etats, ni les organes de leurs différentes organisations. Leur doter de véritables pouvoirs de codécision et de contrôle aura pour conséquence de soustraire nos organisations de l’emprise des chefs d’Etat pour en faire des véritables organisations indépendantes et légitimes, qui prennent leurs décisions sans trop d’interférences des palais africains. C’est à ce prix seulement que les coups d’Etat peuvent légalement et légitimement être boutés hors de notre continent.
Ibrahima SAKOH, juriste à Genève. ikalil2002@yahoo.fr
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DECRET DE NOMINATION DU GOUVERNEMENT DE TRANSITION
- Par Administrateur ANG
- Le 15/01/2009
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Enfin, le président du Conseil national pour la démocratie et le développement vient de franchir une étape importante de l'affirmation de son pouvoir. Le gouvernement du CNDD vient d'être rendu public par un decret publié ce mercredi 14 janvier. Selon nos sources, c'est la troisième équipe proposée par le premier ministre Kabiné Komara qui vient d'être admise, avec à la clé, certains hommes placés par le CNDD.
1- Ministre de la Sécurité et de la Protection civile, Général de division Mamadouba Toto Camara, 1er vice- président du CNND
2- Ministre à la Présidence chargé de la Défense Nationale le Général Sekouba Konaté
3- Ministre d’Etat à la Présidence chargé de la Construction, de l’aménagement du territoire et du Patrimoine bâti public, Boubacar Barry, confirmé
4- Ministre Secrétaire général de la Présidence commandant Keletigui Faro, confirmé
5- Ministre du plan et de la Promotion du secteur privé, Monsieur Mamadouba Max Bangoura, précédemment secrétaire général du ministère de l’integration africaine
6- Ministre des Mines et de l’énergie, Monsieur Mahmoud Thiam, précédemment vice président de l’Union des banques suisses UBS à New York.
7- Ministre des Affaires Etrangères et des guinéens de l’étranger, Monsieur Alexandre Cécé Loua, précédemment Ambassadeur de la Guinée en Allemagne.
8- Ministre de l’Administration du territoire et des affaires politiques, Dr Frédéric Kolié, juriste en République Fédérale d’Allemagne
9- Ministre à la présidence chargé de l’économie et des finances, Capitaine Mamadou Sandé, économiste financier
10- Ministre de l’Enseignement pré-universitaire , technique, professionnel et de l’éducation civique, Madame Hadja Aicha Bah précédemment directrice à l’Unesco.
11- Ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Dr Alpha Kabiné Camara, professeur d’université, précédemment médecin chef au CHU de Donka
12- Ministre de l’agriculture et de l’élevage, Monsieur Abdouramane Sanoh, directeur de société
13- Ministre de la justice Garde des Sceaux, colonel Siba Nolamou, Docteur en droit, précédemment directeur de l’école nationale de la gendarmerie de Sonfonia.
14- Ministre du commerce, de l’industrie et des PME , Intendant militaire Commandant Korka Diallo, précédemment directeur général de l’intendance militaire
15- Ministre de l’Environnement et du développement durable, Monsieur Papa Koly Kourouma, directeur de société
16- Ministre des télécommunications et des nouvelles technologies de l’information, colonel Mathurin Bangoura, précédemment en service au ministère de la Defense nationale
17- Ministre de la pêche et de l’aquaculture, Monsieur Raymond Ounouted précédemment en service en Total Guinée
18- Ministre de la coopération et de l’intégration africaine, Monsieur Abdoul Aziz Bah, précédemment chef de cabinet du ministère du plan et de la coopération
19- Ministre du travail, de la reforme administrative et de la fonction publique, Dr Alpha Diallo, conseiller en service à la BCRG
20- Ministre de la Santé et de l’hygiène publique, colonel Abdoulaye Cherif Diaby, précédemment médecin chef des forces armées guinéennes.
21- Ministre des Transports, Monsieur Mamadi Kaba, précédemment directeur général de l’agence de la navigation aérienne.
22- Ministre du Tourisme, de l’hôtellerie et de l’artisanat, Dr Leonie Koulibaly, précédemment directrice chargée du renforcement des capacités au ministère de la défense nationale.
23- Ministre des audits, de la transparence et de la bonne gouvernance, Monsieur Joseph Kandouno, précédemment Directeur national adjoint de la dette publique.
24- Ministre de la Promotion féminine et de l’enfance, Madame Hadja Makoura Sylla, précédemment chef de cabinet au ministère des affaires sociales.
25- Ministre de l’information et de la culture, Monsieur Justin Morel Junior, journaliste.
26- Ministre de la Jeunesse, des sports et de la promotion de l’emploi des jeunes, Colonel Fodeba Touré, précédemment commandant du Bataillon autonome de la sécurité présidentielle.
27- Ministre de la Décentralisation et du développement local, Monsieur Naby Diakité, précédemment Directeur de Projet.
28- Secrétaire d’Etat à la présidence de la République chargé des services spéciaux, de la lutte anti-drogue et du grand banditisme, Capitaine Moussa Diokoro Camara, précédemment en service à l’Etat major de l’armée.
29- Secrétaire d’Etat chargé des travaux publics près du Ministre d’Etat de la construction, de l’aménagement du territoire et du patrimoine bâti public, Monsieur Mamadi Kallo, précédemment du Projet pilote des 200 logements du ministère de l’urbanisme et de l’habitat -
Message de nouvel an à la nation
- Par Administrateur ANG
- Le 05/01/2009
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Guinéennes, Guinéens
Mes chers compatriotes,
Hôtes étrangers vivant parmi nous ;
L'année 2008 s'achève dans la douleur, mais sur une note d'espoir. Il y a quelques jours, le 22 décembre précisément, nous quittait le Général Lansana Conté, Président de la République et Chef suprême des armées.Cette adresse à la Nation m'offre une nouvelle occasion pour présenter à sa famille et à toute la nation guinéenne mes condoléances émues. Après vingt-quatre ans à la tête de la Guinée, le Général Lansana Conté nous a légué un pays en paix dans une sous-région ouest africaine tourmentée.
Au lendemain de sa disparition, les forces armées guinéennes ont décidé de prendre le pouvoir pour éviter que notre pays ne bascule dans la guerre ethnique. Le chaos aurait en effet pu s'installer si le pouvoir tombait dans les mains d'un soi-disant dauphin constitutionnel, Président d'une Assemblée nationale qui ne représente qu'elle-même depuis l'expiration de son mandat il y a plusieurs mois.
Aucune œuvre humaine n'est parfaite. J'ai fait le choix de retenir de l'action de mon prédécesseur l'ouverture de notre pays à la démocratie et à l'économie de marché, la modernisation de nos infrastructures notamment routières, la sauvegarde de l'intégrité territoriale et de l'unité nationale.
La prise du pouvoir n'est toutefois pas et ne saurait être une fin en soi. Fidèles à notre obligation de protéger la nation, nous avons pris nos responsabilités pour redresser le pays et le mener à des élections transparentes, premier pas vers l'enracinement définitif de la démocratie.
La Guinée est bien mal en point. Certains disent que notre pays est un scandale géologique. Je dirais que c'est un scandale tout court.
C'est un scandale parce qu'un grand peuple comme le nôtre, qui a été à l'avant-garde du mouvement des indépendances, est aujourd'hui à la traîne dans le concert des nations.
C'est un scandale parce que nous importons chaque année pour une valeur de 300 millions de dollars le riz que nous consommons alors que notre pays, doté d'une pluviométrie abondante, regorge de grandes terres cultivables.
C'est un scandale car nous n'arrivons pas à assurer une desserte correcte de notre pays en eau courante et en électricité, alors que la Guinée, château d'eau de l'Afrique de l'Ouest, a un potentiel hydroélectrique qui peut satisfaire les besoins d'une bonne partie de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest.
C'est un scandale parce que, par incompétence ou par manque de patriotisme, les différents gouvernements qui se sont succédé au cours des dix dernières années ont été incapables de mener notre pays au point d'achèvement de l'initiative en faveur des pays pauvres très endettés, qui pourrait lui faire bénéficier d'un allègement de sa dette extérieure de plus de 2 milliards de dollars.
C'est un scandale car, depuis notre accession à l'indépendance, les Guinéens parlent mais ne font pas grand-chose, se servent de la Guinée au lieu de la servir, la pillent mais ne la construisent pas.
Le Conseil National pour la Démocratie et le Développement (CNDD), mis en place dans la foulée de notre arrivée aux affaires, s'assigne pour mission de casser cette spirale du pire. Le Premier Ministre, Kabinet Komara, qui vient d'être nommé, ainsi que le gouvernement qu'il va former vont se mettre sans tarder à la tâche, au service de cet enjeu fondamental.
Pour redresser notre économie, un état des lieux est nécessaire: l'évaluation est une étape indispensable à toute action constructive. A l'instar du diagnostic d'un médecin, l'audit global de l'Etat que nous allons commanditer va quantifier l'ampleur des dégâts et identifier la nature des maux, pour nous permettre de leur appliquer une thérapie de choc.
Loin d'être une chasse aux sorcières, l'audit va, en toute objectivité, déceler les fautes de gestion qui ont mis notre pays à genou et en identifier les auteurs. En vertu de la pédagogie de l'exemple, ces derniers subiront toute la rigueur de la loi, en signe de notre détermination à lutter contre la corruption et la drogue. Ces fléaux, qui gangrènent notre pays, fragilisent notre présent et hypothèque l'avenir de nos enfants.
Nos ressources les plus stratégiques ont été bradées, moyennant des dessous de table versés sur des comptes off shore, ouverts aux noms de fonctionnaires véreux, dans des paradis fiscaux.
Nous voyons un des derniers exemples de cette logique de pillage à travers la concession du terminal à containers. En dépit de l'avis d'un cabinet international réputé, qui a conclu que le contrat de concession est manifestement léonin et absolument défavorable aux intérêts de la Guinée, le gouvernement sortant s'est entêté à le signer.
Notre pays est sans doute le seul au monde où des personnes appelées des cadres peuvent sacrifier de façon si grossière les intérêts stratégiques de leur nation. Toutes les conventions vont être renégociées, en vue d'optimiser les revenus de la Guinée.
Cette opération ne vise à brimer aucun investisseur. Nous nous attelons tout au contraire à faire de notre pays, au potentiel si important, une destination attractive pour les investissements directs étrangers. Mais nous ne saurions ne pas corriger les déséquilibres de certains contrats, qui lèsent les intérêts de la Guinée.
Toutes les administrations financières, vont être assainies, dotées de procédures de décaissement sans faille, entièrement informatisées et soumises à des contrôles fréquents.
Toutes les dépenses qui vont être effectuées le seront dans le respect du principe de l'équilibre budgétaire. La planche à billets, qui alimente l'inflation, n'est pas un instrument de gestion économique. Nous n'en userons pas.
Le Gouvernement doit s'atteler à atteindre le plus tôt possible le point d'achèvement de l'initiative PPTE, mais également se doter des ressources financières adéquates pour améliorer, dans les meilleurs délais, la desserte en énergie électrique et en eau courante.
Je mets un point d’honneur à faire cesser progressivement les délestages de courant qui plongent le pays dans le noir et les coupures d’eaux qui assoiffent les guinéens. C’est mes yeux une question de dignité nationale.
Le CNDD et moi-même veillerons de très près à la mise en œuvre d'un autre grand chantier: celui de la refondation de la démocratie, qui passe par la réforme de la justice, la libéralisation des ondes et l'organisation d'élections législatives et présidentielle libres et transparentes d'ici décembre 2010.
La corruption est en train de tuer la justice dans notre pays. On peut aujourd'hui tuer, violer, voler en toute impunité, pourvu qu'on rétribue un juge qui passe outre les lois pour transformer le vrai en faux et le faux en vrai. Nous allons revoir le statut du magistrat, renforcer les pouvoirs de contrôle du Conseil supérieur de la magistrature, veiller à l'application des lois et à l'exécution effective des peines.
Celui qui tue, viole ou vole sera châtié sévèrement conformément à la loi. C'est aussi cela respecter les droits de l'homme, car la victime est, autant que le criminel ou le délinquant, un être humain.
Pour renforcer la culture démocratique, la participation citoyenne et l'implication de l'opinion publique, le gouvernement et le CNDD vont étudier les voies et moyens pour parfaire le dispositif des subventions destinées aux organes qui y participent. De même, selon des critères qui vont être redéfinis, des licences de radios et de télévisions privées vont être accordées.
Les ondes doivent être totalement libérées, c'est une des conditions de la transparence et de la bonne gouvernance.
Sincère dans ma volonté de dialogue avec les partis politiques, la société civile, et les organisations internationales qui appuient le processus électoral, je leur laisse le soin de discuter et de me soumettre des propositions. La seule ligne directrice est la suivante : il nous faut des élections les plus transparentes possibles dans le délai le plus court possible. Ainsi, les élections ne pourraient plus être contestées dans ce pays.
Guinéennes, Guinéens,
Mes chers compatriotes,
Hôtes étrangers vivant parmi nous,
Permettez-moi d'assurer la communauté internationale de notre souci de progrès, de respect des droits de l'homme, et de renforcement de la bonne gouvernance. Jugez-nous à l'ouvrage : nous voulons redresser le pays, le doter d'institutions crédibles et lui donner des élus issus d'élections transparentes. Accompagnez-nous dans notre œuvre de reconstruction !
Votre soutien va servir une cause hautement géopolitique, car une Guinée forte, dont nous voulons poser les bases, va stabiliser l'Afrique de l'Ouest et renforcer la sécurité dans notre sous-région.
Je ne saurais terminer cette adresse à la nation sans faire un clin d'œil à la jeunesse de mon pays. Juste pour dire que j'ai compris le message : les centaines de milliers de jeunes qui, le long des artères de Conakry, ont acclamé mon cortège le 24 décembre, veulent se nourrir correctement, se soigner, faire du sport, apprendre et trouver du travail à l'issue de leurs études. Le CNDD et le gouvernement feront des questions de jeunesse une priorité absolue.
Nous n'allons peut-être pas avoir le temps de les mener à terme, mais nous allons ouvrir des chantiers de réforme dans les domaines prioritaires de l'éducation, de la santé, de l'emploi et de la lutte contre la pauvreté.
Guinéennes, Guinéens,
Mes chers compatriotes,
Hôtes étrangers vivant parmi nous,
Je nourris le rêve d'une Guinée prospère et forte, respectée en Afrique et dans le monde, démocratique et ouverte. Que Dieu, le maître des jours à venir, exauce ce vœu, et commence à en poser les prémices dès cette année 2009 qui s'annonce !
Je vous adresse à vous tous mes vœux les meilleurs. Que Dieu Tout Puissant, qui a encore une fois sauvé notre pays, continue de nous assister !
Vive la Guinée !
Vive la République !
Vive le CNDD !
Capitaine Moussa Dadis CAMARA
Chef de l’Etat, Président de la République
Président du CNDD
Source: le site officiel du gouvernement guinéen -
Chronique] Bonne et heureuse armée
- Par Administrateur ANG
- Le 29/12/2008
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Souleymane Jules Diop Jeudi 25 « La liberté, c’est passer d’un état à l’autre,
c’est s’arracher à quelque chose.
C’est donc une rupture »
François MITTERRANDMême avec la pire des soldatesques à la tête de leur pays, les Guinéens n’en voudront jamais à Dieu de les avoir débarrassés de Lansana Conté. Séckou Touré suscitait la crainte. Sa mort avait été saluée par une importante diaspora guinéenne comme un moment de « libération ». Dans sa furie paranoïaque, le « tyran » avait ethnicisé son pays, combattu son élite intellectuelle qu’il soupçonnait de connivence avec l’ennemi « impérialiste ». Nous n’allons pas non plus oublier les horreurs du camp Boiro, révélées par de nombreux témoignages encore vivaces. Sur une simple délation, vous pouviez entrer dans son bureau et ne plus jamais réapparaître que dans un cercueil plombé. C’était le sort réservé à de nombreux jeunes intellectuels qui commettaient l’imprudence de passer par Dakar ou Abidjan en rentrant à Conakry.
Mais Séckou inspirait, sinon du respect, du moins de la considération. Pour son non courageux à de Gaulle et son oui à la Guinée, pendant que la plupart des dirigeants africains se mettaient accroupis derrière la France. Il a refusé la liberté aux guinéens, mais paradoxalement, la plupart des opprimés de la terre ont trouvé chez lui une oreille attentive. Il a eu un hommage posthume appuyé de Miriam Makeba et Nelson Mandela. Moustapha Wade, le frère de l’actuel président de la République, y avait trouvé refuge quand Senghor ne voulait plus de lui. Autant il avait divisé les Guinéens, autant Seckou Touré avait allumé chez eux la flamme d’une identité nationale qui faisait leur fierté. Le Bembeya Jazz en était l’incarnation ultime. Derrière le grand tyran, il y avait aussi le petit homme du peuple qui conduisait sa propre voiture, qui savait se mettre du côté des opprimés. On l’accusait de sacrifier les albinos, mais il avait fait du chanteur malien Salif Keita son meilleur ami. Derrière le grand tyran, il y avait aussi le sentimental qui a versé des chaudes larmes quand il a écouté le premier refrain de « Manjou », chanté à sa gloire.
Conté n’était pas tout ça. C’était un vulgaire général qui s’est rappelé qu’il avait une arme de libération quand il s’est assuré que Séckou Touré était bien mort et enterré. C’était une copie caricaturale de son idole, qu’il n’a jamais cessé de singer, dans ses traits les plus caricaturaux. Mais ill avait les idées et les convictions en moins. Le général autoproclamé compensait cette mollesse intellectuelle avec un autoritarisme terrifiant. Il savait se rappeler du français qu’il avait appris au Prytanée militaire, mais c’était un grand bouffon. Il y a quelques mois, il s’est rendu en cortège dans une prison de Conakry pour faire libérer un ancien conducteur de Limousine qu’il avait transformé en milliardaire. Son pays était le premier exportateur de bauxite au monde, sans doute le premier exportateur clandestin de diamant, mais ses citoyens n’en voyaient pas l’éclat. Il faut dire que les Guinéens étaient déjà fatigués des frasques du septuagénaire. Il passait ses journées à regarder des films porno et n’en sortait qu’une fois sa bouche moussée de raisin fermenté. Quand ça lui prenait, il convoquait de jeunes nymphes parmi lesquelles miss Guinée, de 40 ans sa cadette qui deviendra son épouse préférée. Qu’il aille au diable. Il avait transformé la Guinée en un camp Boiro géant et tenu ses citoyens dignes d’une main de fer. Il rappelait il y a quelques jours encore, sans doute avec sa bouche puante de Camelia, que ses compatriotes feraient mieux de se méfier de lui, parce qu’il savait tuer. Si les Guinéens ne sont pas morts dans les camps, c’est qu’ils ont renoncé à leurs opinions ou renoncé à leur pays. Mais ils sont devenus plus pauvres qu’avant, pendant que leurs ressources naturelles sont pillées par une caste d’affairistes.
Les médias du monde entier ont fait peu cas de la mort du dictateur. Aucun chef d’état sérieux ne lui a rendu hommage. Peu de grandes personnalités se rendront à son enterrement. Mais n’oubliez pas que ses derniers caprices de chef d’Etat ont été payés par le contribuable sénégalais. Pendant que les Guinéens se plaignaient de leur condition misérable, Abdoulaye Wade finançait une fête pour leur président à hauteur de 500 millions de francs Cfa. C’était la condition pour en être « l’invité d’honneur ». Accompagnons son cercueil avec nos clameurs, pour que Dieu n’en ramène plus de ce genre.
Je comprends ceux qui, dans notre pays, célèbrent la mort de Lansana Conté. J’ai été très ferme avec un ami qui me disait hier que tout compte fait, un général pourrait être une bonne alternative pour le Sénégal. J’ai trouvé cette idée abominable. L’armée n’a jamais été qu’un ultime recours pour un pays. Mais je ne peux pas m’empêcher de souhaiter à tous les Guinéens qui fêtent Noël dans la joie, bonne et heureuse « armée ». Quand la France, berceau présumé des Droits de l’homme s’est trouvé dans l’impasse, elle a fait appel à un général. de Gaulle a démissionné quand la rue l’a désavoué. Un militarisme éclairé vaut mieux qu’une dictature aveuglée. Le Mali l’a expérimenté avec Amadou Toumani Touré, la Mauritanie avec Mohamed Ould Val. Jerry Rawligs, que rien ne préparait à la vie civile, a organisé des élections et accepté avec beaucoup de hauteur le verdict des urnes. Le Ghana vient de faire la preuve de la grande maturité de sa démocratie, en organisant des élections saluées par tout le monde.
Pendant qu’il appelait l’armée guinéenne au calme, ses propres soldats tiraient sur de jeunes enfants sans défense à Kédougou. N’importe quel chef d’Etat aurait écourté ses vacances et demandé la mise en place d’une commission d’enquête. Mais voilà tout le côté sombre d’Abdoulaye Wade. Il ne voulait pas marcher sur des cadavres pour aller au pouvoir, mais il en fait tous les jours depuis qu’il est pouvoir. C’est pourquoi il se fait l’avocat des dictateurs sanguinaires. Il cache Hussein Habré, un criminel qu’il ne veut pas livrer à la Justice internationale. Il était le grand défenseur d’Ahmed El Béchir. Il a trouvé maintenant un client en son « ami » Robert Mugabe. Sa défense est la même, « il y a des chefs d’Etat qui veulent quitter le pouvoir, mais ils ont peur d’être jugés ». La plupart du temps, il ne parle que des dictateurs criminels, puisque les anciens chefs d’Etat qui n’ont rien à se reprocher vaquent tranquillement à leurs occupations.
Je confesse donc ici-même, que je suis obligé de relativiser mon aversion pour la solution militaire. Je tempère le pessimisme radical de ceux qui voient en chaque soldat guinéen un nouveau Conté. De la même manière, je ne vois pas en chaque leader politique sénégalais un futur Abdoulaye Wade. Il a soufflé à l’oreille d’un de ses collaborateurs, après avoir fait sa sortie fantasque à sa résidence de Paris, « douma seen moroom ». Gouverner se résume pour lui à un exercice de manipulation. Ceux qui étaient là avec lui, j’en suis convaincu, y ont été par égard pour le vieillard, mais ils n’éprouvent aucun respect pour le président. Ce que j’ai retenu pour ma part, c’est que tous les intervenants qui avaient l’habitude de l’interpeller directement ne parlent de lui qu’à la troisième personne. Comme s’il n’était plus là. C’est le père Noël en lui qui est mort. Moi aussi je croyais en lui, mais j’ai perdu la foi. Je l’ai attendu comme vous, tous les ans, sous la cheminée. Je l’ai vu à la télévision comme vous. J’ai entendu comme vous toutes ses promesses : il a promis des tramways, des centrales nucléaires, des bateaux-taxis. C’était une publicité mensongère. Une année passe avec son lot de malheurs. Mais si vous avez détesté le père Noël, méfiez-vous du fils. Il est sa réplique parfaite. -
Rêve d’une Guinée nouvelle
- Par Administrateur ANG
- Le 28/12/2008
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Le président Conté a tiré sa révérence, en cette période d’incertitude et de questionnement pour la population, du fait de la pollution de l’environnement politique et la brèche béante laissée par les circonstances de son décès, qui a, jusqu’à l’ultime moment, voulu être entouré de mystère, comme pour faire un dernier pied de nez à la nation guinéenne, après toutes ces années de sacrifices et de privations.
Attitude exaspérante, qui a cependant, le don de créer, en bon nombre de citoyens, un sentiment confus, fait d’un mélange de tristesse et de soulagement.
Soit dit en passant, il n’y a pas d’homme éternel, la vie de la nation quant à elle, suivra inéluctablement son cours et nos destins individuels sont scellés, au-delà de nos croyances et de nos convictions, raison pour laquelle nous sommes condamnés à vivre ensemble, de préférence en harmonie.
Les morts étaient comme nous et nous seront un jour, comme eux. Le jugement humain est d’essence relatif ; n’empêche, l’existence de l’homme, n’a de sens que par rapport à la société qui l’a engendrée et dans laquelle il évolue, d’où sa soumission à des contraintes d’ordre éthique et morale. On est donc, tous comptables de nos actes, bons ou mauvais et dans l’imaginaire collectif, nos noms seront pour la postérité, gravés de façon indélébile, sur les tablettes de notre histoire commune.
Contrairement à Sékou Touré, dont la disparition fut une surprise au point de désorienter la classe politique d’alors, la disparition du général était dans tous les esprits, en raison de la dégradation progressive, de son état de santé ces derniers temps.
L’on avait imaginé et espéré une succession démocratique à son régime, mais malheureusement, ni les dispositions constitutionnelles, ni les conditions matérielles, ne se prêtent à une telle approche.
La question qui nous taraude en ce moment, est de savoir si le vieux général, sentant sa fin proche, s’était volontairement abstenu, à régler les détails de son après, car convaincu qu’il a été finalement, que dans son entourage, personne n’était digne de confiance, pour présider aux destinées de la guinée, dans le prolongement de sa vision et entendement patriotiques, de la gestion étatique.
A ce propos, nul besoin de polémiquer. Conté a fait, ce qu’il a pu, en fonction de ses capacités intellectuelles et humaines. L’appréciation objective de son bilan ne prête pas à confusion, car la courbe évolutive des différents indicateurs économiques et sociaux, reste fondamentalement décadente.
Parlant de sa succession, il est fort probable que dans les arcanes du pouvoir, un scénario avait bel et bien était ficelé, à en croire les premières intentions affichées dés lors de l’annonce publique de son décès, avec l’apparition côte à côte de personnalités dites <<loyalistes>> ( Somparé, Souaré et Diarra). Mais, le manque de légitimité et de légalité du dauphin constitutionnel, servit de socle à la prise de pouvoir par les <<putschistes>> dirigés par le nouvel homme fort du pays, M.CAMARA Moussa Dadis.
Il faut reconnaître qu’un tel cas de figure, n’était pas perçu comme l’idéale de solution. Qu’à cela ne tienne, nous voilà devant le fait accompli. Un jeune soldat, méconnu du grand public est désormais, notre président autoproclamé. Il promet d’organiser des élections générales en fin 2010 et la parole d’honneur du soldat qu’il est, semble l’habiter, mais il lui faut une vigilance de tous les instants, pour ne pas se laisser déborder, à cause de son manque d’expérience, car les sollicitations sont nombreuses et elles ne sont pas toujours bienveillantes.
Notre analyse aujourd’hui, est que la Guinée est un grand malade qui mérite assistance et faute de médecins compétents pour diagnostiquer et trouver des remèdes efficaces, l’on a inévitablement et nécessairement besoin, d’une prise en charge urgente.
C’est pas que la Guinée n’a pas de valeureux et dignes fils, qui ne demandent qu’à être associés à la gestion des affaires, mais nos décideurs doivent avoir le courage de se départir de cette fausse idée de souveraineté nationale, car c’est à cause de ce concept bidon, que nos deux régimes politiques, ont pu exercer le pouvoir, dans les conditions exécrables de calamité humaine et en toute impunité, en faisant valoir le droit de non ingérence dans les affaires internes d’un pays souverain, avec l’indifférence et parfois la complaisance de la communauté internationale.
Dorénavant, ce que nos dirigeants doivent comprendre, c’est que les temps ont changé.
L’émancipation du peuple de guinée est une réalité, son épanouissement n’est qu’une question de volonté politique, par la valorisation des ressources humaines, condition indispensable, au développement d’un pays. La guinée se doit, en cette période de globalisation, de s’ouvrir au monde, pour bénéficier des expériences positives d’ailleurs et plus que jamais, nous avons besoin de la communauté internationale, qui ne nous apportera cependant, que ce que nous voulons que soit apporté à la Guinée, dans la détermination de nos priorités et de nos objectifs.
C’est pourquoi, l’on devrait, sérieusement songé, à organiser des assises nationales, à défaut de conférence nationale de réconciliation, à l’occasion desquelles, les vérités seront dites et toutes les vérités, avec la garantie de la non poursuite des acteurs de forfaitures, pour que tout simplement, les erreurs soient connues et reconnues, pour qu’elles ne soient plus jamais commises à l’avenir.
On est tous unanimes, que la responsabilité des maux de notre pays, incombe à tout ce qui ont eu, à un moment ou à un autre, la charge d’exercer une parcelle d’autorité, même si c’est à des degrés divers, d’où l’impossibilité de mettre à l’écart toute cette panoplie de dirigeants, car ce serait vider la Guinée de ce qui constitue le substrat de sa classe politique. Les nouvelles autorités, doivent se montrer intransigeant et servir comme promis, d’arbitre impartial, pour mener à bien la transition nécessaire, à l’organisation d’élections législatives et présidentielles crédibles.
Le plus important aujourd’hui, c’est de restaurer l’autorité de l’Etat et combattre vigoureusement l’impunité et le clientélisme, en créant les conditions d’une séparation future, nette et précise des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, car c’est de la concentration de ces trois pouvoirs aux mains de l’exécutif, que découle l’arbitraire.
La Guinée a, l’occasion ou jamais, de jeter enfin les bases de son décollage économique, c’est pourquoi, il est de notre responsabilité collective, de contribuer à la construction des fondements essentiels d’une démocratie véritable, garantissant les droits et devoirs pour tous.
BAYO Abidine
abidinebayo@hotmail.com
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QUOI DE NEUF?
- Par Administrateur ANG
- Le 04/12/2008
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L’année 2009 se profile à l’horizon dans ce climat délétère, caractéristique de l’immobilisme des acteurs politiques et de l’attentisme de l’administration, quant à la poursuite du processus de changement et d’amélioration de la gestion publique des affaires, dans notre pays.
A l’analyse logique de cette situation de blocus, il faut voir, une expression volontariste et manifeste du maintien du statut quo, par les tenants et aboutissants de ce marasme, car leurs destins politiques sont aujourd’hui en suspens et se trouvent plus que jamais liés, à l’évolution de cette situation de crise, qu’ils entretiennent contre la volonté populaire, pour s’accrocher becs et ongles, dans les arcanes d’un pouvoir aussi moribond que rétrograde.
En effet, le risque pour eux, est de voir une amélioration positive de la situation , synonyme d’un revirement de tendance qui leur soit défavorable, parce que traduisant tout simplement, le vœu pieux d’assainissement de la sphère publique, prenant en compte les aspirations du peuple, à savoir une bonne gouvernance au service exclusif des populations, préoccupation qui n’est à ce jour, pas perçue, comme une priorité à leurs yeux hagards, rivés vers un futur, qu’ils pensent pouvoir définir à leur bon gré, en s’estimant détenteurs du monopole des décisions, par la combinaison de facteurs endogènes, liés aux défaillances d’un environnement structurel et institutionnel, qui favorise l’usage malsain de techniques et tactiques divisionnistes, des les tractations actuelles de conquête du pouvoir.
En l’absence de contraintes normative et qualitative, l’exercice du pouvoir se trouve régi par des mécanismes obsolètes, dont les incohérences et les dysharmonies, contribuent à la manifestation de déséquilibres, qui mettent en mal la confiance nécessaire à la mise en place et l’adoption de mesures fiables, dans l’initiation des politiques publiques de développement économique et social.
Le misérabilisme dont on fait étalage sur la place publique, est consécutif à l’exaspération des frustrations, qui se nourrissent de l’accumulation successive de bévues et turpitudes, tendant à nous égarer davantage dans les sinuosités de notre infernale et misérable descente en enfer.
Le sentiment de révolte, part du principe selon lequel, la Guinée peut s’en sortir, avec bien évidemment une volonté cheville au corps, de ceux qui ont à charge de déterminer le cours de notre destin commun, par leurs prises de décisions, en tant que dirigeants, car comme le dit l’adage, à cœur vaillant, rien d’impossible, à supposer surtout que le fatalisme, est une conception spirituelle, que ne soutiennent que ceux qui optent pour le renoncement à l’action salvatrice.
La conjoncture économique mondiale, naît de la crise alimentaire et financière, sert désormais de prétexte fallacieux à de véreux dirigeants politiques, pour se dédouaner de la tâche qui leurs incombe. Certes, les effets pervers de cette crise se ressentent dans les pays en voie de développement mieux qu’ailleurs, car la maîtrise des mécanismes de fonctionnement de l’économie mondiale, échappe non seulement à nos décideurs, mais aussi le fait que nous subissons de plein fouet, les conséquences de notre dépendance technologique, du manque de capitaux pour les investissements et de l’exploitation financière qui en découle, quand il s’agit d’emprunts de fonds, dont le lourd poids continuera à peser sur les générations futures, constitue une circonstance aggravante, de la dépréciation des termes de nos échanges bi- et multilatéraux, d’où la nécessité d’une reconfiguration politique dans nos Etats, allant dans le sens de l’harmonisation des efforts de redressement économique et social et à ce propos, il serait judicieux de mettre à profit, la tendance actuelle du principe d’ouverture, par l’association de compétences diverses et variées, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur du pays, en acceptant de façon responsable, d’en finir avec les querelles subalternes et les encloisonnements partisans, car la guinée a besoin de ses enfants et de tous ses enfants , sans exception aucune.
Aujourd’hui, la divergence des visions de près ou de loin de la situation guinéenne, ne doit pas créer d’antagonismes, car l’objectif commun, même si les critères d’appréciation des uns et des autres, dépendent intrinsèquement de notre perception et de notre conception individuelles, demeure le-même, en l’occurrence, la recherche de solutions, pour un meilleur devenir de la nation. Il est cependant à plaindre, ceux d’entre nous, qui se bardent de diplômes, pour se faire valoir dans cette lutte d’influence et enfin se retrouver comme des électrons libres, dans un champ magnétique, où la seule force d’attraction est l’appât du gain, alors que leur rôle et surtout l’importance de leur statut d’intellectuels, se devaient d’être leur capacité à transcender les clivages, par un investissement positif, à l’amélioration quantitative et qualitative des conditions de vie de la société.
Il s’agira pour nous, outre les préalables fondamentaux de bonne gouvernance, de moralisation de la vie publique et d’indépendance énergétique, de cibler des objectifs de croissance, par la détermination de pôles de compétition, tels les secteurs minier et agricole, qui constituent les principaux atouts de notre pays, pour espérer un effet d’entrainement sur les autres domaines, qui ne sont pas des moindres, car la faiblesse des moyens étatiques, nécessite des arbitrages budgétaires, qui tiennent en compte, les priorités d’investissements générateurs de croissance et à même de créer à court terme des richesses, allouables par la suite aux secteurs dits vitaux (santé et éducation avec un accent particulier sur l’enseignement professionnel). L'analyse est basique et il est évident que ces paramètres sont pris en compte dans l’élaboration des schémas directeurs de développement, élaborés par les gouvernements successifs, mais c’est la mise en pratique des recommandations qui fait le plus souvent défaut, par faute d’exigence d’une bonne gestion des ressources aussi humaines que matérielles.
C’est pourquoi, une remise en question du pouvoir discrétionnaire du président lui donnant l’habilitation de nommer aux postes de haute responsabilité s’impose, avec une attribution de cette prérogative, à la future assemblée nationale, pour une question de transparence et de neutralité, pour qu’à l’avenir, ne devienne haut responsable administratif, que des personnes reconnues, en fonction de leurs compétences et de leurs probités morale et intellectuelle et qui seront astreints à un devoir de résultats, avec un suivi permanent, pour l’évaluation et l’appréciation des objectifs assignés.
Quoi que l’on dise, il faudrait comprendre que pour que la Guinée soit remise sur de bons rails, l'on a inexorablement besoin, que s’opère une révolution des mentalités, que ne peut réussir qu’une personnalité digne de foi et suffisamment "open heart and mind ", pour qu’un jour que l’on espère et souhaite proche, l’on puisse chanter à l’unissons, sur les airs festifs " the change gonna come – Seal ".
BAYO Abidine
abidinebayo@hotmail
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Un décor planté sur des ruines
- Par Administrateur ANG
- Le 26/09/2008
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a nation guinéenne s’apprête à organiser le cinquantenaire de son hypothétique indépendance politique, dont elle est si fière, en raison de la spécificité des circonstances de son acquisition, alors que la récurrence des problèmes économiques et sociaux endémiques, crée des tensions qui nous font marcher sur des braises incandescentes de la haine et de la division, à telle enseigne que ce honteux jubilé, que l’on voudrait festif, peut être qualifié de non-sens et d’aberration, qui peine à nous enchanter, du fait que l’urgence de la nécessité d’une consolidation, des bases de la réconciliation nationale, préalable fondamental d’un nouveau départ, semble ne pas être une priorité.
En effet, à ce jour, rien de significatif ou presque, n’est fait, pour colmater les brèches des déchirures et atténuer les aigreurs et les détresses engendrées, par la gestion calamiteuse de nos dirigeants, qui ont pour tord, le fait d’avoir pillé les maigres ressources financières de l’Etat et surtout, dans un élan de barbarie sous-tendu par une impunité totale, avoir causé d’innombrables pertes en vies humaines, des victimes innocentes, auxquelles on doit aujourd’hui justice, pour le salut et le repos de leurs âmes. Que le collectif contre l’impunité, qui avec courage et bravoure, tente de s’insurger contre cette machination, soit rassuré de notre indéfectible soutien.
Un demi-siècle de sacrifices, pour finalement, se retrouver comme à la case départ, parce que tout simplement, l’inconsistance et le manque de justesse des choix politiques, ont contribué à l’instauration d’un climat d’incompréhension et de défiance, défavorable à la mise en place de structures de développement viables, qui requièrent l’adhésion et la participation effective des populations au processus enclenché.
Eh oui, après vingt six années de dictature, suivies de ces derniers vingt quatre ans d’oligarchie, on ne pouvait s’attendre à meilleures conditions de vie dans notre pays, où le rôle de l’Etat a durant tout ce temps, été galvaudé par le zèle des dirigeants, qui profitant des privilèges et des largesses du pouvoir, se sont laissés gagner, par la gangrène de l’irresponsabilité et de la duplicité, faisant de façon insidieuse, admettre au peuple désabusé, la raison d’une calamité naturelle. On n’aura de cesse de la clamer, la misère guinéenne n’est pas une fatalité.
Toutes ces années de privation et de répression, ont fini par nous avoir à l’usure, altérant ainsi notre volonté de surpassement, pour la continuité de la lutte de revendication et de préservation de nos maigres acquis sociaux, dans l’optique de l’émancipation et de l’épanouissement du peuple dans son ensemble, ce qui était le but originel de notre accession à la souveraineté nationale.
L’ancien régime a connu des dérapages, dont les conséquences se font encore ressentir sur notre existence, contrairement à ce que veulent faire croire des nostalgiques des années de disette, dont ils n’ont pas vécu la dureté, dans leur chaire et dans leur esprit, parce que bénéficiaires alors, des faveurs du système. Et, de Sékou Touré, la jeune génération retient l’expression consacrée par Ibrahima Baba Kaké, à savoir le héros et le tyran. On se plait à dire qu’il a préservé les ressources naturelles du pays, parce qu’il n’a pas voulu les brader à vil prix aux nombreux prédateurs, qu’il qualifiait de néocolonialistes voulant continuer, à piller nos richesses. Ce qui paraît méritoire, mais il faut appréhender le fait de la non mise en valeur de ces ressources, comme un manque à gagner considérable, surtout que cette période était favorable aux échanges de bon procédés, dans le cadre des relations de coopération bilatérale, que nouait la Guinée avec les pays du bloc socialiste, plus particulièrement, l’ex-URSS, coopération basée sur un système de troc, dont on pouvait tirer aisément profit, sans besoin énorme d’apport de capitaux de notre part et avec une assistance technique adéquate, le président Sékou Touré, considéré à cette époque, comme ardent défenseur de la cause panafricaine, étant écouté et respecté par ses interlocuteurs. Des pays comme l’Egypte, n’ont-ils pas profité de cette opportunité, pour ce qui est de la construction du barrage hydroélectrique d’Assouan, par exemple.
Cependant, la fin de son règne a été marquée par un changement brusqué, une vertigineuse volte-face, partant d’un Etat dirigiste et autoritaire, avec ses avantages et ses inconvénients, à un Etat libertin, où le laisser-aller devint la règle de conduite générale, sans que le peuple ne soit psychologiquement préparé à cette nouvelle donne. Ce fait a eu pour conséquence, une certaine déperdition, dans notre vision des approches constructives d’une nation progressiste, par la perte de nos repères identitaires, parce qu’en tant que nécessiteux, privés trop longtemps de liberté et de droit de jouissance d’un bonheur, à la fois à porter de main, mais paradoxalement inaccessible, par manquement de devoir, de la part de nos dirigeants, on a fini par confondre vitesse et précipitation, à vouloir rattraper notre retard.
Dans cette débandade, malgré la libération des prisonniers politiques d’alors, l’instauration du libéralisme économique et une relative liberté de la presse, le sort macabre réservé aux dignitaires de l’ancien régime, au nom dit-on, de la justice populaire, a été en fait, une succession de règlements de compte personnels, couronnée, par le massacre en 1985, des compagnons d’infortune de l’armée, après un soi-disant coup d’Etat manqué. A partir de cet instant, les guinéens ont commencé à revivre les cauchemars des exactions, avec des méthodes d’intimidation et de répression dignes d’un temps, qu’on croyait révolu.
L’avènement du multipartisme a été un leurre, puisqu’elle a servi de prétexte aux prises de position partisanes, qui ont attisé les dissensions sociales. Dés lors, l’objectif des dirigeants, consistera en leur maintien au pouvoir, le général Conté trouvant dans cette délicate manoeuvre, mille et une astuces, pour déjouer les tentatives de déstabilisation de son régime, par la répression sanglante, qui s’est matérialisé au plus fort, par les tragiques évènements de 2007.
Les aspirations légitimes du peuple pour un changement radical, ont été anéanties par le limogeage de l’ex-P.M Lansana Kouyaté, en qui les espoirs les plus fous étaient placés, en raison des circonstances spécifiques, qui ont favorisé sa nomination et qui malheureusement, a fini par être taxé de déviance par rapport à la mission qui lui était confiée.
Néanmoins, l’arrivée de M.Souaré à ce poste stratégique, n’emballe pas grand monde, surtout avec le retour progressif programmé d’anciens caciques du système, situation qui le réconforte et lui donne des envies de survie politique, au-delà des élections législatives, élections sans cesse repoussées, parce que leurs issues, dans un cadre de transparence, craint d’être favorable, on l’espère et le souhaite de tout coeur, à un nivellement des valeurs au sein de la classe politique, dominée actuellement par la mouvance présidentielle et pourquoi pas, un renversement de tendance, en faveur de l’opposition.
L’impression aujourd’hui, est que la guinée est dirigée par un Etat vagabond, soutenu par un régime moribond et dans ce dramatique scénario , des irréductibles et inconditionnels du système, continuent à se confondre et complaindre avec leurs "salamalecs et albarkas", pour nous faire gober le bien fondé d’action nuisibles, face auxquelles, seule la résistance des patriotes demeure l’alternative qui vaille, pour sortir le pays de l’ornière, surtout que les alliances politico-stratégiques actuelles et leurs malsaines imbrications, pour une éventuelle succession au général Conté, laissent présager une logique de confrontation, qui risque de mettre en péril, le peu d’espoir entretenu jusqu’ici.
On a que cure des saltimbanques de la politique, dont les manœuvres nous exposent à des tensions, qui aboutissent à des situations de crise et de blocage. Alors de grâce, remettons nous sincèrement en cause et ayons la force et l’intelligence, de nous ouvrir nos cœur, nos esprits et nos bras, pour venir à bout, du mal-être qui nous ronge, depuis tant d’années, pace que tout simplement c’est A NOUS LA GUINEE.
Fraternellement
BAYO Abidine
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Du manque d'autorité de l'Etat , à la crise de confiance
- Par Administrateur ANG
- Le 16/09/2008
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Ce faisant, dans le train de la discorde dans lequel il nous embarque, il y’a ceux qui gagnent dignement leur pain à la sueur de leur front, et ceux qui se nourrissent impétueusement des fruits immérités, qu’ils récoltent sur le dos du peuple.
Dès lors, l’on ne saurait être surpris, de constater à ce jour, l’intensification de la grogne sociale et le scepticisme ambiant dans les milieux intellectuels et politiques, quant à la réussite du processus de redressement économique et social, dont l’actuel P.M a charge de poursuivre.
Que d’énergies gaspillées, à toujours parler de notre cher Guinée, qu’en des termes peu flatteurs, les décisions de nos dirigeants politiques, par leur manque de cohérence et de pertinence, contribuant plus que jamais, à maintenir et même accentuer la misère des populations qui , dépitées par leurs luttes de survie quotidienne, s’en remettent à la volonté divine, pour conjurer le mauvais sort, comportement caractéristique d’un fatalisme chimérique.
Au regard des circonstances de la nomination de M.SOUARE et les conditions actuelles de l’exercice de ses responsabilités, on ne peut que se résoudre à considérer, qu’il n’est qu’un maillon de plus, de cette incommode chaîne de commandement, habituée à créer des situations de compromission, sources de haine et de malaise social.
Le manque de lisibilité de certaines actions, nous interpellent à plus d’un titre, par exemple, le limogeage de M.KANTE ex ministre des mines, qui était connu pour sa rigueur dans le travail.
En effet, dans le compte rendu du conseil des ministres du 21 août 2008, il était rapporté que le ministre a présenté un tableau comparatif des dispositions de la convention minière type et celles existantes auparavant, dans lequel ressortaient des disparités et des traitements différents entre les acteurs du secteur. Document qui aurait été adopté par le conseil, pour servir de référence au gouvernement dans les négociations et conclusions des futurs accords, le but étant de rétablir la justice et permettre à la Guinée d’accroître substantiellement ses revenus miniers. Une semaine plus tard, on apprend que M.KANTE a été relevé de ses fonctions et on ignore tout des motifs d’une telle décision. Ce qui est surprenant dans cette affaire, c’est que tout laissait à croire que ce monsieur faisait bien son boulot. N’a t-il pas été l’un des rares ministres de l’équipe Kouyaté à être reconduit à son poste, parce que justement son travail était jugé satisfaisant. Alors de deux choses l’une : soit il est incompétent, raison de son écartement, soit c’est un cadre valeureux et intègre, qui a eu le malheur de s’opposer aux intérêts égoïstes des mafiosos pillards de l’économie guinéenne. Dans ce dernier cas de figure, ce serait irresponsable de passer sous silence de tels agissements qui illustrent à merveille, les contradictions entre ceux que disent haut et fort, nos dirigeants avec leurs fallacieuses promesses et ce qu’ils érigent tout bas, comme pratiques courantes dans l’administration.Vouloir bien faire serait-il devenu un crime de lèse-majesté en Guinée ? C’est vraiment le monde à l’envers.
Par ailleurs, le coup d’éclat que le gouvernement a voulu faire avec la minable tentative de bonne figuration, à travers l’arrestation de pseudo-trafiquants de cocaïne, alors que les caïds de la cité sont connus de tous et ne sont jamais inquiétés, s’ils ne bénéficient impunément d’une certaine complicité, montre l’hypocrisie qui entoure la gestion des affaires dans notre pays et cette démission de l’Etat à assurer ses fonction régaliennes, explique la naissance entre autres, de mouvements populaires dit de lutte contre la criminalité. Un pays où les citoyens sont amenés à se faire justice, par manque d’autorité de l’Etat et de justice, pays qui se veut pourtant démocratique, c’est vraiment le comble de l’ironie.
Parlant des élections législatives en perspective, reportées une fois de plus, ramadan oblige prétexte-on, comme si le mois saint n’était pas celui de tous les sacrifices, y compris l’investissement physique et moral, pour le bonheur des hommes, la répartition de la manne financière décrétée à cet effet, entre les partis politiques, fait grincer les dents en raison des critères d’attribution, qui semblent tenir compte du nombre de circonscriptions électorales, sous la coupe des différentes formations politiques et de leur actuel représentativité, au sein d’une assemblée nationale en perte de légitimité et de crédibilité, parce qu’ issue de précédentes élections, jugées non transparentes.
Pour qu’advienne le changement, il faudrait un sursaut d’orgueil national, qui passerait nécessairement par une révolution spirituelle et mentale, se traduisant par des comportements audacieux et responsables des décideurs politiques, sous l’impulsion d’éléments moteurs catalyseurs, dont les ambitions pour le peuple, seront à la hauteur des enjeux économiques et sociaux du 21ène siècle et serviront d’exemples à suivre.
Par ailleurs, les médias considérés à juste titre comme étant le quatrième pouvoir, au regard de leur influence sur l’opinion publique et le rôle prépondérant qu’ils jouent dans la sphère politique, doivent constituer, le recours ultime des citoyens contre les abus du pouvoir, contrairement à ce qui passe sous nos cieux, où la main mise de l’Etat sur ce secteur stratégique, favorise l’arbitraire qui se manifeste par l’apologie d’un régime anti-démocratique, faite par des journalistes en quête de promotion ou parfois sous la contrainte et la pression morale, aliénant et abroutissant de plus en plus, des populations analphabètes qui croient naïvement à tout ce qu’ils entendent débiter, dans la lucarne joyeuse et dans les transistors.
Heureusement que le développement des nouvelles technologies de l’information, constitue dorénavant, un rempart sérieux contre ces manipulateurs, en donnant la possibilité et surtout la liberté d’expression à tous ceux qui s’insurgent contre l’injustice sous toutes ses formes.
Ces médias parallèles doivent constituer un vecteur de changement des mentalités, en maintenant constamment la pression sur les dirigeants politiques, par la dénonciation des dysfonctionnements de l’appareil étatique.
La nouvelle de la nomination de M. Mohamed Salif Keïta, brillant homme de culture, comme chargé de la promotion de la Guinée auprès des médias étrangers, est en soi une source de réjouissance pour tous, mais au regard de ce qui se passe dans notre pays, ce serait pour lui une tâche périlleuse, face à ce dilemme qu’est de vendre une image qui se veut bonne, alors que la réalité du terrain laisse à désirer et les investisseurs, les touristes et autres, que l’on cherche à berner, ne sont assez dupes, pour se faire vendre un lézard, en se laissant convaincre que c'est un petit caïman, par un baratin de " bana-bana à la waouh-waouh".
La Guinée ne sera aux yeux de l’opinion publique internationale, que ce que ses fils et filles voudront qu’elle devienne, à travers leur participation positive ou non, à l’édification de la nation, mission qui demeure une affaire de tous et de chacun.
BAYO Abidine