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  • On se lasse de ne parler que de la même rengaine

    Il est aujourd’hui plus que déplorable, de constater que la gestion de la transition par la junte militaire, est en passe de nous conduire si on y prend garde, vers une situation de crise encore plus profonde, que celle qu’elle était sensée résoudre à son arrivée au pouvoir.

    En effet, le manque criard de volonté politique, exprimant le souhait populaire de création de conditions matérielles de sortie prompte, de cette situation exceptionnelle d’instabilité, est vécu par nombre d’observateurs, comme une trahison de la parole donnée par le Capi-Prési, dans sa promesse initiale, d’opérer une rupture totale, d’avec les méthodes de gestion désuètes, qu’incarnait le régime défunt, car l’on constate avec regret, au fur et à mesure de l’évolution de la situation, des écarts de conduite dans ce qui se dit tout haut lors des rencontres publiques et ce qui se trame tout bas dans les coulisses du pouvoir, créant et entretenant ainsi, un climat de suspicions qui ne peut que laisser dubitatifs et amers.

    Par la stigmatisation permanente des travers sociaux, le but recherché est une remise en question systématique des attitudes pernicieuses et une meilleure responsabilisation des dirigeants dans leurs prises de décisions qui déterminent l’avenir de la nation.

    Mais hélas en Guinée, depuis cinquante ans que l’on tergiverse, on continue comme un mouton de panurge, à suivre la cadence imposée par d’irresponsables dirigeants, contribuant davantage, à la décadence d’une société en mal constant de repères identitaires et idéologiques.

    On a que cure des éternelles fanfaronnades, fussent-elles dans un esprit de dialogue social, car leurs échos n’ont de résonnance que le cadre inapproprié dans lequel elles se clament. L’obsession de consensus qui semble animer le Président Dadis, finit par devenir improductive, car à force de consultations tout azimut sur des sujets d’importance  capitale, tel le problème crucial d’eau et d’électricité, dont la recherche de solution, aurait mieux mériter, la constitution d’une commission technique, en lieu et place d’un débat public qui ne peut être assimilé qu’à du prosélytisme, visant à détourner l’attention de la population, de l’essentiel de la plateforme revendicative actuelle, à savoir l’organisation des élections et le retour des militaires dans les casernes.

    Il n’est nullement question de reprocher au Capi-Prési de nourrir des ambitions pour la guinée, en patriote convaincu qu’il aime à se présenter, mais l’aberration est que, bien qu’il n’ait pas les moyens de sa politique, il s’entête à vouloir réaliser des projets de développement, qui n’en sont d’ailleurs pas uns, car spectaculairement concoctés à la va-vite, sans aucune forme de procédure traditionnelle en la matière, ni stratégie clairement définie et dont la Guinée ne dispose à  ce jour, non seulement pas les moyens matériels et financiers, mais surtout leur réalisation à terme, nécessite un temps qui ira forcément au-delà de la période de transition, qui se veut par définition courte.

    Comme le disait Jean Cocteau, le tact dans l’audace, c’est de savoir jusqu’où on peut aller trop loin. Alors de grâce, que le Capi-Prési  n’en fasse pas trop s’il veut demeurer crédible aux yeux de l’opinion nationale et internationale, en laissant le soin aux politiciens de faire ce qui est de leur ressort, à  savoir la proposition et la réalisation des projets de développement et qu’il s’atèle lui, à la réforme de l’armée tant décriée pour les frasques d’éléments non contrôlés en son sein, une mission qui lui sied à merveille vue son intransigeance et qui pourrait même lui être confiée de droit, au-delà de la période transitoire.

    Ce qui contribue aujourd’hui, à créer la confusion et le doute quant à l’issue apaisée et souhaitable de la transition en cours, c’est la plausible éventualité de son maintien au pouvoir et le non respect du chronogramme, dont l’application actuel en sens dessus-dessous, nous fait tourner en bourrique, en ce sens que le privilège n’est en toute vraisemblance, accordé qu’en ses dispositions, qui supposent un accord collectif, par ailleurs difficile à trouver au sein des forces vives, qui on le sait, peinent plus que jamais, à placer au-dessus de leurs divergences, l’intérêt du peuple dans son intégrité, donnant ainsi au CNDD, des raisons d’évoquer avec désinvolture, son désengagement de toutes responsabilités, par rapport au retour à l’ordre constitutionnel, dans de brefs délais.

    De toute évidence, la junte sera contrainte de quelque manière que ce soit, à rendre le pouvoir aux civils. C’est le temps qu’il faudra pour en arriver à cette réalité qui est sujet à équivoque et à ce sujet, le maintien de la pression populaire et les mesures coercitives du GICG, demeurent la meilleure façon de pousser le CNDD à respecter ses engagements.

    La Guinée a plus que jamais besoin du soutien de la communauté internationale, qui si elle nous lâchait sous le joug d'une armée avec ses velléités d'assujettissement de la population, sera condamnable à bien des égards, pour non assistance à peuple en danger.

    Le président Dadis et ses compagnons sur lesquels pèsent des soupçons de crimes de sang lors des évènements de 2007, cherchent-ils à avoir des garanties d’amnistie pour quitter le pouvoir, alors que dans le même temps, ils préconisent la poursuite des audits et la lutte contre le trafic de drogue, par rapports auxquelles une justice qui parait sélective, voudrait s’appliquer ?

    Pour une simple question d’équité, la tenue d’une conférence nationale de réconciliation que semble occulter ceux qui n’ont pas la conscience tranquille, doit être considérée comme un impératif, dans lequel cadre, les coupables de forfaitures se confesseront et se repentiront devant Dieu et les hommes, pour que le peuple martyr  accepte de pardonner et permettre ainsi à la guinée de repartir sur de nouvelles bases, avec la constitution d’un gouvernement d’union nationale, qui associerait tous ceux d’entre nous, pour reprendre les termes de l’autre, dont les acquis académiques, professionnels et relationnels seront jugés utiles, pour sortir le pays du gouffre.  

     

     

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  • IL FAUT ARRÊTER DE RIDICULISER LA GUINEE.

    Naturellement, le ridicule n'a jamais tué en Guinée. S'il a existé des ailleurs où le sentiment d'honneur a poussé des hommes politiques à se donner la mort plutôt que de subir l'épreuve du ridicule de leurs actions publiques à effets incommensurablement négatifs pour leur pays, ce sentiment est loin d'avoir effleuré ceux qui ont prétendu diriger, jusqu'ici, la Guinée.

    Si ce sentiment d'honneur avait existé dans notre pays, l'encadrement socio-politique et ses acolytes en aurait,depuis longtemps, été radicalement fauché par la mort. Ceci pour dire que le pays peut aller à vau-l'eau, tout peut continuer à se dégrader , on continuera quand même à entendre les mêmes optimismes, les mêmes déclarations lénifiantes de « bonne foi » sans que les dirigeants songent à en tirer pour eux des conclusions en démissionnant de leurs fonctions pour l'intérêt de la Nation.

    Ils fermeront les yeux pour ne rien voir; se boucheront les oreilles pour ne rien entendre, et surtout ne ressentiront pas le ridicule qui couvre le pays aux yeux de l'extérieur.Ceux d'aujourd'hui, les membres du CNDD et leur chef ne ressentent même pas qu'en ce début du 21e siècle, un coup d'Etat n'est ni moins ni plus qu'un acte de grand banditisme. A la différence du banditisme ordinaire quelle qu'en soit la taille et dont les membres achètent eux-mêmes leurs « outils de travail »; les fusils et canons dont se servent les acteurs du banditisme-coup d'Etat ont été payés par la collectivité nationale. C'est l'aspect le plus immoral et le plus dégradant humainement pour les auteurs de coup-d'Etat. C'est en considérant cet aspect que les Guinéens doivent cesser, pour l'honneur de leur pays, de considérer comme « Père de la Nation » un auteur de coup d'Etat qui semble loin d'être un libérateur.

    Le trait dominant qui a été le plus observé chez nos dirigeants a été celui des héros du cinéma populaire comme King Kong ou Terminator qui n'ont agi que par leur force brutale pour soumettre l'environnement.Un environnement constitué de citoyens toujours traité en bétail et dont certains,rompus à courber l'échine, se prêtent volontiers à ce rôle de bétail humain.

    Les apprentis sorciers qui ont règné ,jusqu'ici sur la Guinée, n'ont jamais pensé qu'une société humaine ne se menait plus comme du bétail, aux 20e et 21e siècles. A chaque fois, on constate que le type de gouvernement qu'ils installent , se termine mal. Le pays s'en sort démoli et les populations déboussolées. J'ai écrit récemment que la culture du mensonge et de l'imposture était toujours au pouvoir en Guinée .En référence à ce rappel, le handicap majeur de Moussa Dadis Camara et du CNDD est leur approche amateuriste de la chose publique qui ne pourra pas leur permettre de relever le pays et encore moins de l'organiser en Etat démocratique.

    Cela ne s'improvise pas. Dadis et ses compagnons viennent d'en administrer une preuve supplémentaire en recourant à la vieille méthode pédégiste usée du complot extérieur permanent contre la Guinée.Des forces d'invasion seraient massées aux frontières de la Guinée-Bissau, du Sénégal et du Libéria. Le recours à ce stratagème montre d'une part le manque cruel d'imagination au pouvoir et le désarroi actuel dans l'action du CNDD,et d'autre part, une manoeuvre d'appel aux Guinéens à se grouper autour de Dadis pour retarder des élections à organiser, (voir articles de Mamadou Billo Sy Savané, « Manoeuvres dilatoires dangreuses: les mensonges du CNDD » et d'Ibrahima Kylé Diallo, « Aucun caporal n'est capable de contrer la bande du capitaine Hachisch »).

    Sur ce point , j'ai comme ressenti , une espèce de regrets des auteurs du coup d'Etat du 23 décembre 2008, de s'être pressés d'avoir fait la promesse d'une transition rapide.Ils l'ont d'ailleurs fait savoir en affirmant plus d'une fois que ce sont eux, miltaires, qui ont risqué leur vie en conquérant le pouvoir.Les regrets d'une remise rapide du pouvoir à des autorités démocratiquement élues sont, on ne peut plus clairs.

    Le recours aux attaques supposées à nos frontières , devrait montrer à tout Guinéen que nous avons à faire à des miltaires pour lesquels redresser l'Etat guinéen est au-dessus de leur savoir-faire. Guinéennes, Guinéens, sortez de vos illusions! Ce ne sont pas les hommes du CNDD qui vous sortiront de la mouise.C'est le pouvoir qui les intéresse. Ne vous laissez pas convaincre par des mots sans signification pour ceux qui les prononcent. Ils peuvent sembler être ce que vous leur devinez comme sentiment de « bonne foi », cela peut du reste paraître inconsciemment de bonne foi pour Dadis. Mais qu'est-ce que la bonne foi sans aucune perspective « concrétisable » au regard de la destinée d'un peuple ?

    Il faut, Guinéennes et Guinéens, que vous sachez que la seule bonne foi ne peut continuer à servir d'excuse à l'incapacité de ceux qui se sont autoproclamés vos dirigeants et qui n'ont su vous présenter que des gesticulations stériles et des discours creux.L'extrême faiblesse de notre peuple est cette permanente foi en la « bonne foi » des marchands d'illusions qui ont régenté la Guinée de 1958 à aujourd'hui.

    On ne peut pas envisager un avenir meilleur en pardonnant à partir de leur « bonne foi » les anciens Présidents et celui d'aujourd'hui du mal dont ils sont les auteurs Pour ce qui est d'aujourd'hui, il faut aller au-delà de la « bonne foi » que Dadis et ses compagnons proclament sur les audits et sur les autres grands chantiers. C'est la cohérence de tout ce qui a été concrètement entrepris qu'il faut examiner.

    Or il semble que la part du vent l'emporte sur le reste. Il faut que Dadis et ses compagnons se rendent compte qu'on ne peut pas continuer à se contenter de promesses faites à partir de bonne foi. Il faut qu'ils cessent de surdimensionner leur capacité à gouverner le pays. Ils ne contribueront qu'à entraver son évolution .Dans un pays, un Président ne peut pas que compter sur ses conseillers, il doit aussi et surtout impulser les principales actions à mener. Il faut surtout qu'au CNDD, on se rende compte qu'un pays ne se gouverne pas seulement , aujourd'hui, avec des armes.

    La naïveté, par exemple, d'avoir menacé, il ya peu, des magistrats s'ils ne se soumettaient aux caprices du pouvoir, de les remplacer par de jeunes magistrats qu'on aurait envoyés se former ailleurs, montre les limites de Dadis dans la gouvernance du pays. C'est de ne pas savoir que nul n'est confirmé dans une profession tant qu'il n'y a pas exercé des années durant, de jeunes magistrats ne peuvent pas remplacer au pied levé la compétence de magistrats ayant exercé de longues années..Cette menace des magistrats demeure un exemple d'ignorance de ceux qui prétendent gouverner la Guinée.

    Certes, dans l'Armée guinéenne, un capitaine a pu se proclamer Commandant Suprême des Forces armées guinéennes, mais il reste à savoir la rélle capacité d'une telle armée dans un contexte de confrontation internationale .

    Seulement en Guinée : titre équivaut à compétence. La mamaya assourdissante qui se mène journellement n'aidera pas à sortir la Guinée de la médiocrité d'autant plus que chaque huile de ce monde à l'air de s'affubler et de se satisfaire de titres ronflants qui n'ont de valeur que sur le sol de Guinée et pour les seuls qui se griment d'Excellences ou d'Honorables. Les griseries que le chef du CNDD et ses compagnons affectionnent tant de s'appeler Président ou Ministres ne feront pas progresser la Guinée mais la plongeront davantage dans un sous-développement total.

    C'est pour éviter une telle perspective qu'il faut que la préparation d'élections sans magouilles soit énergiquement entreprise.

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  • Le CNDD et les élections : l’équation Lansana Kouyaté

    J’ai déjà évoqué ici les risques de désordre que pourrait représenter cette nouvelle irruption des militaires dans l’arène politique en Guinée. J’ai aussi écrit qu’à mon avis, il n'y a pas d'alternative aux mouvements syndicaux, aux partis politiques et la société civile.

    Cela dit, peut on vraiment réussir à maintenir durablement, la cohésion des forces vives, quand on sait que les intérêts des uns desservent forcément ceux des autres ?

    Rien n’est moins sûr !

    C’est qui est certain, c’est que dans sa stratégie de confiscation du pouvoir, la junte ne manquera pas d’en tenir compte et surfer là-dessus, s’il le faut.

    Je pense que dans la posture qui est actuellement la leur, les militaires sont déterminés à nous imposer leur vision de la transition. Et cette vision, de mon point de vue, se résume comme suit : conduire la transition et l’après transition

    L’on me rétorquera avec cet optimisme presqu’enfantin, propre à la plupart de nos compatriotes, que « rien ne sera plus comment avant » ; qu’avec les élections en perspective, Dadis et sa clique n’auront aucune chance, etc. Un point de vue que j’aurai partagé volontiers, si un remodelage du paysage politique en Guinée n’était pas en cours. Un bouleversement rendu inévitable suite à la conviction acquise par les militaires, que la classe politique, telle qu’elle est actuellement composée, n‘est pas prête à négocier la question de leur départ du pouvoir.

    Qu’on le dise donc ou pas, avec le boycotte du 22 juin, le divorce entre la junte militaire et les grandes formations politiques semble désormais consommé.

    A mon avis, deux options pourraient tenter la junte pour garder le pouvoir :

    Dans un premier temps, ils pourront chercher à gagner du temps, en repoussant les échéances électorales, tout et entretenant un climat de psychose au sein d’une population déjà traumatisée par plusieurs années de guerres civiles chez ses voisins de la sous-région. La stratégie vise évidemment, à faire admettre aux populations, l’éventualité d’une candidature et d’une victoire de Dadis lors des prochaines élections présidentielles, pour éviter une guerre civile dans leur pays. On se souvient encore du vote massif des Libériens en faveur de leur bourreau (Charles Tylor), pour mettre fin à une décennie de carnage !

    Si cette hypothèse paraît peu probable aujourd’hui, en raison des pressions exercées, essentiellement par nos partenaires au développement, rien ne permet cependant d’exclure le fait qu’elle ait pu, à un moment donné, faire partie de leur stratégie de confiscation du pouvoir. La fébrilité et l’incohérence qui a jusqu’ici caractérisé leur gestion du pouvoir, en sont une illustration parfaite.

    Pris de court par la stratégie de boycotte, c’est à contrecœur que Dadis a accepté « un cadre de concertation » autre que celui où il pouvait se forger l’image d’un leader politique, grâce à la manipulation de figurants payés pour la circonstance et l’humiliation publique d’éventuels « concurrents ».

    Toutefois, en lui opposant une fin de non recevoir, les forces vives venaient d’ouvrir les « hostilités » avec des soldats qui viennent juste de se découvrir un destin national et qui ont décidé de s’y accrocher, vaille que vaille ! Dans ces conditions, inutile de dire que pour la junte désormais, tous les coups seront permis, pour éliminer des « ingrats» et cela, quelque soit leur obédience.

    L’appel d’offre lancé pour auditer les vingt quatre années du régime défunt, en constitue la première étape.

    Nos compatriotes doivent savoir que ce qui apparait comme un retour à de meilleurs sentiments de la part de Dadis, n’est qu’une manœuvre visant à « reculer pour mieux sauter ». Qui peut en effet, sérieusement accorder du crédit à ce revirement du président du CNDD au Camp Alpha Yaya en l’espace d’une semaine ? Serait-il devenu posé, sage et attentifs à l’appel des forces vives et de la communauté internationale ? Aurait-il vraiment renoncé au pouvoir ?

    Peut être ! Mais alors, il lui revient de le prouver. Pour ma part, par scepticisme peut être ou par prudence, je maintien que la junte n’a nullement l’intention de remettre le pouvoir aux civils en Guinée. Et que si, elle ne réussissait pas sa première forfaiture en présentant Dadis (devenu civil pour la circonstance) comme candidat, la junte pourrait passer au « plan B ».

    Ce qui m’amène à considérer un second cas de figure. C’est celui où Dadis et ses compagnons accepteront d’organiser les élections législatives d’ici la fin de cette année 2009 et les présidentielles, courant 2010. Avec les derniers développements de la situation politique en Guinée, cette hypothèse semble de plus en plus probable. A priori, c’est un cas de figure acceptable. Car permettant au moins, une relance des activités politiques dans une complétion que je souhaite « civilisée », entendez, entre civils !

    Toutefois, prudence chers compatriotes ! Il m’est difficile de croire que Dadis ait pu renoncer au pouvoir  pour lequel il croit avoir été choisi par Dieu, pour conduire le peuple de Guinée « vers la terre promise ». N’est-ce pas qu’il s’appel « Moise » ?

    Ce qui est certain, c’est que, non content du harcèlement dont il s’estime être l’objet, Dadis risque de nous présenter, en guise de désapprobation, une facture plutôt « salée ». Car s’il y a une chose qui est aussi « guinéen », c’est bien cette mentalité qui consiste à dire : «  Ok ! Tu ne veux pas que je devienne chefs ! Tu ne le seras pas non plus ! ».

    Dès lors, l’hypothèse d’un « homme de paille » devient envisageable. Dans cette dernière, la junte, après d’intenses pressions, acceptera, l’idée d’un candidat civil non issu de l‘armée. Il n’est pas difficile de deviner que ce dernier sera, néanmoins, son « civil » à elle. Pour s’assurer de son obéissance, il ne tirera pas sa légitimité d’élections justes et transparentes. Sa posture devra être celle de quelqu’un qui devra obéissance et reconnaissance envers son bienfaiteur.

    En tout état de cause, les militaires s’assureront de sa soumission et de son manque d’ambition. Leur civil à eux, devra correspondre au profil de quelqu’un qui se contentera de facilités qu’offre le poste de président de la République, pour enrichir éventuellement son « carnet d’adresse », fréquenter les grands de ce monde et bien entendu, s’enrichir ! Il devra avoir pour mission si non de désagréger mais d’affaiblir ce qui, à leurs yeux, se fait pompeusement appeler aujourd’hui « les forces vives ». Bref, le prochain président de la République de Guinée, s’il n’est pas issu de leurs rangs, sera  au moins leur marionnette. On s’imagine d’ailleurs mal, que le civil en faveur duquel les élections seront truquées, se comporter autrement.

    La réponse à la question de savoir qui correspond le mieux à ce profil, et, où le dénicher, ne devrait pas être difficile. Car on trouve dans le paysage politique actuel, trois catégories de leaders :

    -    Ceux qui ont une base électorale réelle et qui s’appuient sur la cohésion entre les forces vives pour obtenir la tenue immédiate des élections (trois ou quatre formations politiques, tout au plus)

     

    -     Ceux dont les formations politiques ont été frappées par une hémorragie de leurs militants et cadres au profit d’autres, (deux ou trois, tout au plus)

    Ceux enfin, nouvellement venus au devant de formations politiques sans base électorale réelle, mais qui cherchent, soit à gagner du temps pour s’en créer une, soit, dans le jeu des alliances, à se vendre au mieux offrant. (plus de 70 formations politiques sont dans ce lot).

    L’on me dira que ce serait une aberration de qualifier ces derniers de « formations politiques », d’autant que leurs sympathisants se limitent aux membres de leurs familles respectives et aux amis ! Ce qui est vrai. Mais peu importe leurs poids réel. C’est leur nombre qui présente un intérêt. Car dans un pays où la communauté internationale se demande désespéramment, comment arriver à enclencher, ne serait-ce qu’un semblant de démocratie, la caution apportée par une cinquantaine de petits partis, pourrait atténuer les condamnations d’élections truquées.

    Reste à savoir autour de qui fédérer ces petits partis. Là aussi, la junte n’aura aucune difficulté à trouver son « civil ». Certains leaders s’y attèlent déjà. Je pense notamment à l’ancien PM. Lansana Kouyaté. En animal politique, il semble être celui qui a compris que les militaires, même s’ils n’ont confiance en personne, ne pourront se passer des partis politiques, même de petite taille. En prélude à une éventuelle cooptation, il a cherché à se faire entourer de 17 autres partis qui pourraient lui servir de pépinière. Et, il n’est pas exclu que d’autres comme l’UPR ou encore l’UDG de Mamadou Sylla (chacun pour des raisons qui lui seront propres) et tant d’autres, le rejoignent sous certaines conditions.

    Cet homme risque de toute évidence, d’affaiblir considérablement les forces vives qui, il ne faut pas se leurrer sont tout, sauf homogènes. C’est en fait un « panier à crabe ». Lansana Kouyaté n’aura aucune difficulté à créer des alliances susceptibles de semer la pagaille au sein des forces vives. Cela est d’autant plus vrai, que l’ancien PM n’a rien à gagner dans une situation où les grandes formations politiques se sont déjà taillées la part du lion. D’autre part, dans cette constellation, certains partis n’hésiteront pas à s’attirer les faveurs du pouvoir en place, soit pour regeler des comptes avec des partis rivaux, soit pour stopper de fréquentes désertions au sein de leurs partis.

    C’est dire que, si l’on ajoute au profil décrit plus haut, le sens de l’opportunisme  de M. L. Kouyaté, et bien, on peut dire sans exagération qu’il n’est pas loin du portrait robot du « civil » que les militaires pourraient bien être tenté de coopter. Une situation qui bouleversera à coup sûr un paysage politique ennuyeux et peu dynamique.

    Ce bouleversement sera-t-il le point de départ du changement tant souhaité ?

    Nul ne peut répondre avec certitude. Ce qui est certain, c’est que sans la cohésion entre les forces politiques et sociales, le renvoi des militaires dans les casernes et l’avènement d’un régime civil, démocratiquement élu, resteront une chimère.

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  • Dadis veut-il régler des comptes à travers les audits ?

    Depuis que certains leaders politiques ont décidé de serrer l’étau autour de Moussa Dadis Camara pour la tenue impérative des élections en 2009, la réplique du chef de la junte au pouvoir depuis décembre 2008, ne s’est pas fait attendre : les audits viennent d’être diligentés par les autorités militaires pour faire la lumière sur les 24 années de gestion calamiteuse de la deuxième République.

    Il est vrai, et personne ne le conteste, que ces années de gestion ont été destructrices pour l’économie guinéenne et des individus en ont profité pour mettre leur famille à l’abri du besoin pour plusieurs années au détriment de nombreuses autres familles qui peinent à trouver le pain quotidien. Fixer la responsabilité de chacun dans les 24 années de mauvaise gouvernance de Lansana Conté plus les 6 mois de mauvaise gestion de Moussa Dadis Camara, c’est dissuader les prochains gouvernants d’abuser des biens publics et améliorer notre système de gestion des deniers publiques pour le bonheur de la majorité des enfants de Guinée.

    Cependant, une question taraude les esprits : pourquoi ces audits sont commandités sept mois après la prise du pouvoir par l'armée ? Est-ce au CNDD d'accomplir aujourd’hui ce travail laborieux qui prendra certainement beaucoup de temps ?   En effet, si le CNDD et en particulier Moussa Dadis CAMARA respectent leurs engagements c'est-à-dire rendre le pouvoir avant 2010, le résultat des audits ainsi mené sera certainement livré au quatrième Président de la République de Guinée. Or, pour le commun des observateurs, si la junte a décidé de lancer des audits c’est parce qu’elle veut utiliser les conclusions à son avantage. La chasse aux sorcières risque d’être la finalité de ces audits même si ce sont les cabinets internationaux qui en assureront la conduite.

    Dadis, de plus en plus probable candidat aux futures élections présidentielles, voudrait-il utiliser ses audits pour écarter les éventuels aspirants au pouvoir qui vont lui donner du fil à retorde ? L’avenir nous en dira certainement plus.

    Aujourd’hui, la priorité du CNDD doit être de mettre les outils nécessaires en place afin que la transition soit brève, car les acteurs en présence sur le terrain ont suffisamment démontré leur incapacité et Dadis l’"hyper président" est hyper inefficace et sa place se trouve dans une caserne militaire à l'image de ses "amis" du CNDD.

    Si la junte veut mener des actions pour mettre « fin à l’impunité ambiante » comme le stipulait le communiqué qui annonçait les audits, alors les crimes de sang, symbole de l’impunité en Guinée à l'instar des crimes économiques, doivent être élucidés. Pourquoi ne pas autoriser incessamment la mise en place d'une commission d’enquête indépendante sur les massacres de Janvier et Février 2007 ?

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  • Dadis cherche un prétexte pour rester au pouvoir ! e lui donnerait-on?

    Je me demande si ceux qui applaudissent Dadis se rendent ils comptent que, sous  le brouillard de ses comédies télévisées, couvent lesœufs de la  tragédie dont l’éclosion sera synonyme du retour au césarisme militaire? C’est regrettable qu’en Guinée, certaines personnes malgré leur intellect, ne comprennent toujours pas que ce pays, béni par un sol et un sous sol immensément riche, choyée par des conditions édaphiques et climatiques assez favorables, ne peut se développer sous un régime militaire qui ne favorise point le dialogue politique inclusif. Pourtant, il ne suffit que de peu de lucidité pour savoir que, parmi l’éventail des facteurs ayant contribué à la stagnation et même à l’involution de notre maigre économie, celui dit politique est de loin le plus incriminable. Chacun sait que le mode dictatorial de gestion de notre pays et de ses ressources, toujours de saison, ne peut mettre en valeur les potentialités économiques attribuées à une exceptionnelle clémence de la nature. A force  de réfléchir sur notre pitoyable situation, on finit par adhérer au fait qui suit.  Si notre pays n’a jusque là connu que des dictatures, c’est parce que ces types de régimes ont souvent été cautionnés par l’ensemble des forces vives du pays dont les politiciens en premier lieu.

    Le président Dasdis Camara, est aussi en train de se glisser insidieusement vers le même type de dictature qui a usé ses prédécesseurs. Il a un cercle d’alliés, qui s’agrandit de jour en jour. Celui-ci est prêt à le soutenir en toute occasion, non pas par amour pour sa personne, mais plutôt par souci de préservation de quelques minables rentes. C’est pourquoi, lorsque qu’il  se contredit à tout bout de champs ou abuse de ses pouvoirs, ces souteneurs opportunistes et indélicats l’ovationnent sans scrupule, pensant sans doute que leur comportement égocentrique demeurera insoupçonné. Pourtant, leur stratagème, sordide et inspiré, n’est autre que de supporter le chef suprême du moment, le temps de s’approprier illicitement des biens de l’Etat, et puis de le pourfendre plus tard, lorsqu’ il ne sera plus aux affaires, en prenant bien soin de nier toute coresponsabilité dans le naufrage politico-économique qu’il aura causé. Heureusement que nous sommes habitués à ce genre de négation, toujours faite par inconscience ou  malhonnêteté intellectuelle.

    Concevons aujourd’hui que le grand drame en Guinée est que nous aimons nous apitoyer ou nous morfondre sur notre sort, cependant que nous manquons d’inverser le cours des événements malheureux qui circonscrivent notre vie, à chaque fois que l’occasion se présente. On semble ne point tirer des leçons de l’héritage catastrophique de nos précédents régimes. On est en train de fournir un autre prétexte au capitaine Dadis Camara de s’éterniser au pouvoir,  au mépris des termes de son premier discours. Et ceux qui lui font ce cadeau sont nos politiciens qui restent figés dans des stratégies périlleuses de quête de pouvoir, qui cautionnent l’idée des votes ethniques massifs.

    Nous devrions savoir que si Dadis est chaud de tempérament, il n’est pas bête. Il sait au moins que le silence et l’inaction devant  l’émergence des formations politiques à forte connotation ethnique a toujours été un facteur de tonification du régime de Conte. Il peut comme il le fait d’ailleurs, s’ériger contre nos leaders politiques, pour se maintenir au pouvoir en mettant le blâme sur eux.  Puisque pour lui, ils n’ont pas été assez prévenant pour faire preuve de grandes et véritables concessions ou ouvertures politiques parant à l’ethnisation foncière de leurs partis. Dadis sait qu’il ne peut s’en prendre à un pauvre ressortissant de Tountouroun, de Sogbela, de Tormelen ou de Kissidougou – qu’il considère comme victime -d’adhérer de bonne foi au « parti de mon parent ». Il réalise que les masses populaires à 80% illettrées voient à partir de la lumière qui leur est reflétée du sommet de leurs partis respectifs. Du temps de Conte déjà, cette donne aurait pu  être changée en se servant du problème pour résoudre le problème – c’est à dire le phénomène d’adhésion aux partis par identification à l’ethnie de leurs leaders. Si au sommet des partis politiques majeurs, les leaders avaient accepté de créer honnêtement et non par mesure de justification ou par maintien des apparences trompeuses, une direction sérieusement mixte, les électorats de nos parties auraient été aussi ethniquement très variés à la base, et cela aurait eu l’effet de dénier à Conte toute possibilité d’orchestrer des mascarades électorales en sa faveur . Car, si en réalité il a réussi ses holdups up électoraux durant tout son règne, c’est par ce qu’on lui en a donné la chance.

    Selon toute vraisemblance, Dadis est dans le sillage de son prédécesseur. Et nous lui donnons les raisons de continuer d’y rester. L’une des raisons qu’il cite lui-même comme facteur pouvant le conduire  à dévier de ses intentions initiales, est cette même ethnisation massive de nos partis politiques, qui pour lui fait office d’ethnocentrisme (à tord). Par ailleurs, ce raisonnement m’amène à traduire ici, au risque de me répéter, mes sentiments sur la question ethnique en Guinée. Celle-ci ne cesse en effet de picoter mes méninges depuis un certain temps. Notre pays se compose d’une mosaïque d’ethnies et de confessions, et cette double diversité à des particularités qui participent au renforcement du pacte de l’unité, scellé par nos ancêtres. Il s’agit entre autre, du très grand métissage biologique et culturel entre les différentes communautés de notre pays avec des paramètres culturels en partage, ayant permis de donner forme et substance à la vie de communauté et de promouvoir des acquis sociaux et moraux permanents, dont l’incessibilité ne souffre d’aucune incertitude. C’est ainsi que notre pays est reconnu ailleurs pour l’esprit de tolérance, de concession et d’hospitalité, du sens de la patrie, de l’honneur et de la dignité de ses populations. Ces valeurs communes semblent effacer toute barrière socioculturelle jadis source de conflagration intercommunautaire. Ainsi, la violence n’est guerre dans le sang du Guinéen. C’est pourquoi fort heureusement, nous n’avons jamais connu de conflit fratricide alors que les nations limitrophes ont souvent été embrasées par des guerres civiles. Et  j’ose espérer que Dieu nous épargnera une telle expérience macabre, ce malgré qu’au clair comme au noir, les tractations d’esprits malins se poursuivent dans le sens non désiré. Mais n’en déplaisent à ces derniers, les âmes éprises de paix savent que notre unité est aussi notre lumière, c’est elle qui éclairera le chemin de notre développement. Et a propos de lumiere, Pierre Augustin Caron de Beaumarchais disait que le vent, qui éteint une lumière, allume un brasier.

    Qu’à cela ne tienne malheureusement, en Guinée, les valeurs communes qui nous unissent chez nous, sont compromises ou mises en péril à chaque fois que s’élève un dirigeant. A ce propos, un constat fait office de paradoxe. Le peuple doux, tolérant et hospitalier de Guinée, n’a souvent produit que des méchants loups pour le gérer, dans le charisme et le sadisme, l’égoïsme et le népotisme… Et aujourd’hui, je crains fort que Dadis qui commence à montrer des signes d’abus et de violence ne soit en train d’emboiter le pas à son prédécesseur au prétexte déjà cité. Si tel est vrai, il est en bonne place pour réussir. Et i n’y a qu’un seul moyen de l’empêcher de triompher. C’est de lui opposer  un désaveu total. Nous devrions donc  nous lever comme un seul, faire front commun contre le régime de Dadis comme nous l’avions fait contre celui de Conte, quand nous avions provoqué l’ouragan insurrectionnel qui a fait trembler son régime. De  passage, c’est le lieu de rendre hommage à nos illustres martyrs, tombés sous les traitres balles des mercenaires de feu General Lansana Conte. Cela dit, pour empêcher la montée en puissance du prochain despote tropical en Guinée, il faut s’unir, contre toute éventuelle velléité présidentielle qu’aurait Dadis ici et maintenant. Dans le cas échéant, nous aurions trahi notre nation, et aurions failli à notre devoir envers la postérité.

    En conclusion, je voudrais dire que notre unité dépendra aussi de nos leaders politiques, qui doivent accepter de revoir la composition de nos partis politiques majeurs jugés foncièrement mono –ethnique, de faire des coalitions honnêtes sous-tendues par des clauses compromissoires bien ficelées étant entendu qu’ils ne sont pas des «ethnos» comme certains malintentionnées l’ont laissé entendre.

     

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  • Guinée: Le futur de l'économie nationale

    Les gouvernements antérieurs n'ont pas été en mesure d'assurer une croissance durable, pendant qu’une vigoureuse politique pourrait être mise en œuvre pour transformer l’environnement économique.

    Avec une dotation compacte en ressources naturelles, le tableau récapitulatif de la performance économique de la Guinée est ahurissant. Les gouvernements antérieurs n'ont pas été en mesure d'assurer une croissance durable, pendant qu’une vigoureuse politique pourrait être mise en œuvre pour transformer l’environnement économique.

    Nos potentialités dans les domaines de l'agriculture et de l'exploitation minière, notamment la bauxite, le fer, de minerai, d'or et de diamants sont des atouts inestimables pour atteindre un niveau de développement essentiellement supérieur à celui de nos jours.

    Et pourtant si de bonnes initiatives de développement économique durable avaient été élaborées tout en luttant contre la corruption, la Guinée aurait dépassé son niveau actuel et même devancé des pays de la sous région Ouest Afrique, non exportateurs du pétrole.

    Malgré ces échecs, sous la conduite des autorités d’alors, la Guinée a mené une politique monétaire plus souple et mieux adaptée à la croissance, qui incluait fondamentalement une stratégie de réforme axée sur le développement du secteur privé et un ensemble de rigueur assurant la bonne gestion gouvernementale de l'économie nationale.

    Ces réformes nous ont permis d’être admis au programme des pays pauvres très endettés (PPTE) en Novembre 2000. Il y a lieu de reconnaitre les efforts déployés par l’ancien régime dans ce cadre.

    Selon les données statistiques de FMI, la croissance du PIB réel avait atteint le taux de 3,6% en 2001 alors qu’elle était environ 2,1% en 2000, soit une augmentation annuelle de 1,5%. Le taux d'inflation moyen a baissé à 5,4% en 2001, passant de 6,8% en 2000, soit une baisse annuelle de 1.4%.

    Certes la guidance d’une gestion gouvernementale solide, d’un contrôle interne efficace visant à rendre très représentative l’élaboration des budgets et le suivi des activités financières, plus la prudence de restriction de l’offre monétaire pour financer le déficit fiscal comme on le fait souvent constituent l’une des causes de succès de cette maitrise d’inflation y compris la production agricole dont l’effet a positivement influencé les prix des produits alimentaires.

    Un revirement spectaculaire a pris cours en 2003, où la performance économique s’est considérablement dégradée et a atteint un niveau qui est opposé à l'espoir de parvenir à la réduction de la pauvreté que nous ciblons.

    Malgré l’immense potentiel de développement dont est dotée la Guinée, elle a connu une crise économique caractérisée par un ralentissement de croissance, une forte hausse de l'inflation, des difficultés avec le paiement de sa dette, la restriction des financements extérieurs et d'une augmentation considérable de la pauvreté.

    Les causes sont bien connues : la mauvaise gestion macroéconomique, le manque de transparence dans la gestion des ressources, l'impunité encouragée et la corruption généralisée qui ont favorisé le détournement de fonds publics, les effets non négligeables de l'élection présidentielle tenue en décembre 2003, etc...

    Le taux de croissance économique passe de 4,2% en 2002 à 1.2% en 2003, une baisse remarquable de la croissance de 3%. De même les taux d’inflation varient de 5 à 14.8 en pourcentage. L’économie prend un souffle pour accroitre l’année suivante à 2,7% puis à 3,3% en 2005 pour recommencer la chute en 2006 autour de 2,2%. À la même année, le taux d’inflation s’élève à près de 35% et les revenues domestiques, une composante réelle du budget gouvernemental, passe de 14% à moins (1,3%) du PIB.

    En se saisissant de ces données macroéconomiques, nous nous rendons compte qu’il faut éliminer les politiques économiques tordues, assainir les finances publiques, éviter de fortes augmentations de la masse monétaire pour financer le déficit, lutter contre la corruption, renforcer le système d’information statistique pour une meilleure présentation et d’évaluation de la taille de notre déficit fiscal.

    Il y a toujours besoin d’accomplir des progrès significatifs dans les reformes structurelles notamment dans les domaines monétaires et de finances publiques. La prospérité de notre économie en dépend.

    Le mystère est que nos années de croissance n’ont pas eu assez d’impact remarquable sur le niveau de développement. Universellement une période de croissance conduit à un taux d’épargne raisonnable pour permettre de réels investissements dans les infrastructures telles que les routes, les hôpitaux, les écoles, l’énergie, l’adduction d’eau potable, les télécommunications, etc.…

    Mais non des projets fantômes irréalisables et des programmes fantaisistes ou imaginaires pour attribuer les fonds aux individus dépourvus de toute moralité saine. Les allocations des ressources sont, dans la plus part des cas, suspicieuses et beaucoup plus théoriques par rapport au plan officiel et malheureusement réelles par rapport au plan officieux.

    En conséquence, la capacité de fonctionnement correct des services publics diminue de période en période et tout cela constitue un ensemble de facteurs contrariant la réalisation du développement économique et social que nous visons.

    Avec une croissance remarquable comme indiquée ci haut, la Guinée pourrait au moins s’investir dans le domaine le plus important qui réside dans la planification du développement du secteur de l'énergie et d’eau potable dans la mesure où l'électrification contribue à la croissance économique elle-même, en soutenant les industriels, semi-industriel, commercial, activités agricoles,… bref tous les secteurs d’activités économiques.

    Il est facile, pour les agences de développement, de nous accompagner dans cet élan si le gouvernement élabore un plan ordinairement crédible en ayant réalisé des résultats économiques satisfaisants. On ne doit pas échouer là où nos voisins, moins riches que nous comme le Mali et le Burkina Faso, ont réussi.

    L’honnêteté et la sincérité des chefs, la lutte contre la corruption et l’impunité doivent devenir, même après le Président Dadis et le CNDD, inévitables pour assurer une gestion administrative plus efficace : la gouvernance économique et financière.

    En 2003, l'aide financière provenant usuellement des partenaires de développement comme le FMI, la Banque mondiale, la Banque africaine de développement, les membres du Club de Paris, etc.… a été suspendu en raison des mauvais résultats macroéconomiques et des irrégularités fiscales.

    Il faudrait maintenant exploiter des perspectives de développement et créer des conditions pour modifier le rythme de la croissance vers une plus grande stabilité macroéconomique comme celui qui avait conduit à l’obtention d'un nouvel accord triennal avec le FMI en décembre 2007.

    Par exemple on peut choisir le model approprié des pays en développement -c'est-à-dire- promouvoir un espace politique et institutionnel qui soutient la prospérité du secteur privé et qui le permet d'agir comme un véritable souffle de croissance.

    Le but est d’inciter l'activité du secteur privé qui est supposé créer de bons emplois intérieurement pour générer des revenus plus denses afin de constituer une rentabilité satisfaisante des biens vendus sur place.

    Nous avons assez appris de nos échecs et il est temps de concevoir un programme rigoureux et des mesures suffisamment efficaces pour établir les équilibres macroéconomiques visant le retour à une croissance durable, atteindre le point d’achèvement de l’initiative PPTE, réduire la pauvreté et limiter les effets des chocs exogènes liés à la crise mondiale.

    Voilà nos défis. Ils sont réels et il nous faut de solutions réelles pour les aborder. Que le meilleur des candidats soit élu en décembre 2009 pour atteindre ces objectifs.

    Vive la Guinée

    Vive la jeunesse


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  • Où nous conduit le capitaine Dadis?

    Le 23 décembre 2008 était pour la majorité des guinéens l’occasion d’un nouveau départ même si des voix s’étaient élevées pour dénoncer cette "usurpation" de pouvoir par un certain Conseil national pour la démocratie et le développement. La deuxième République venait d’être enterrée par le CNDD. Les jours suivants allaient convaincre les filles et fils de Guinée  que le nouveau chapitre de l’histoire de Guinée qui commençait à être rédigé, allait être annonciateur d’un renouveau. Bien avant cet évènement,  les signes présageant de l’essoufflement  de la République que Lansana Conté dirigeait étaient nombreux : l’assemblée nationale était périmée, le gouvernement (celui de Souaré en l’occurrence) en perdition, une armée complètement incontrôlée, un Etat en décadence ... en somme, un pays malade qui  avait dépassé le stade de critique pour s’installer dans la phase durable d’agonie.

    Le 22 décembre 2008, le général cassa sa pipe et Moussa Dadis, par le gré des circonstances, s’installa au pouvoir et devient ainsi l’artisan d’un nouvel espoir. Le jeune capitaine de l’armée, sorti des méandres du système, a réussi son entrée en scène, aux premières heures du putsch. Malgré son appartenance à l’armée guinéenne qui a été le principal moteur d’assujettissement du peuple pendant la deuxième République,  le bénéfice du doute était accordé au leader du CNDD.

    Dadis était peut être l’un de ces rares soldats guinéens responsables et républicains. Avec sa ténacité, son intégrité, sa volonté et sa franchise, nous avons pensé que ce jeune capitaine allait mener à bon port le navire dont il avait pris par la force les commandes après l’annonce de la mort du Président Conté. Le nouvel homme fort du pays avait l’ardente volonté, en tout cas c’est ce qu’il nous a fait croire, de conduire le pays sur le chemin de la démocratie véritable. Commençait donc le démantèlement de l’ancien système : lutte contre le trafic de drogue, audits dans tous les secteurs stratégiques de l’état, ouverture des médias publics aux partis politiques, révision des contrats miniers…les chantiers sont lancés. La tâche était titanesque et Moussa Dadis en avait conscience. Sa vigilance était de rigueur. Mais aujourd’hui, il est clair que les acteurs de la deuxième République, responsables du malheur du peuple de Guinée, aient réussir leur reconversion avec le CNDD.

    Moussa Dadis a-t-il réellement la volonté d’en finir avec les pratiques du passé ? Avons-nous affaire à un imposteur qui nous a promis monts et merveilles dans le but de se faire apprécier  des Guinéens ? Le pouvoir a-t-il transformé le personnage et a fait naître en lui l’envie de s’y installer durablement? Tout porte à croire que c'est la dernière hypothèse qui est valable. Pittacos disait à juste titre : « pour connaître un mortel, donne lui du pouvoir »

    Malgré tout, Dadis demeure le principal artisan de la réussite de la transition et les acteurs politiques, plus généralement les forces vives de la nation doivent jouer un rôle de premier plan pour contraindre le président autoproclamé à réussir la transition et de facto, abandonner ses désirs de se cramponner au pouvoir. Les élections démocratiques libres, justes et transparentes doivent être aujourd’hui la priorité du CNDD.

    On ne peut se payer le luxe d’un échec après les trois rendez-vous ratés de 1958, 1984, et janvier-février 2007. L’attitude des forces vives doit être frontale mais constructive  et les acteurs politiques (les vrais) doivent s’affirmer pleinement. S’opposer à Dadis lorsqu’il dérape, c’est l’assurance même de faire éclater la bulle dans laquelle il s’est logé depuis un certain temps.  

    Des opportunistes qui se font appeler partis politiques, et qui pensent conquérir le pouvoir via cette attitude de complaisance vis-à-vis du chef de l’état se trompent monumentalement. Ces derniers n’ont rien compris à la politique et en faisant allégeance au CNDD, ils se font simplement  manipuler en croyant manipuler.

    Pour en revenir au chef de l’état, on se souvient que le lendemain de sa prise du pouvoir il avait fait un mémorable discours en présence des forces vives de la nation. Le capitaine demandait alors aux "politiciens" de venir lui proposer un "projet de société" et il assurait le peuple que lui et son CNDD allaient suivre leurs recommandations. Avant même que les acteurs politiques, qui pour une fois avaient accordé leur violon, lui fassent des propositions Dadis avait commencé à nommer des ministres, militaires pour certains d’entre eux, pour assurer la gestion du pays. Dans la foulée un premier ministre à qui il promet une réelle marge de manœuvre est nommé. Après moult tractations et une longue attente le gouvernement tant attendu est connu. A la surprise générale, le commandant en chef des forces armées, s’est taillé la part du lion dans ce gouvernement militaro-civil en intégrant ses amis militaires aux postes stratégiques. Le premier ministre est présent pour la forme. Le camp Alpha Yaya devient la forteresse de la République. Parole sacrée de Dadis, où es tu passée ?

    Aujourd’hui, plus que jamais la question est de savoir comment faire pour que cette transition aux allures romanesques ait une issue heureuse.

    Pendant ce temps, le peuple observe. Les guinéens ne sont pas dupes et Mr le Président autoproclamé, vous aurez intérêt à ne pas les pousser à bout.

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  • Réponses aux réactions au texte <>

    Ayant reçu sur sites et par courriel des réactions, je dois réitérer ce que j'avais déjà écrit en pareille circonstance. En effet j'estimeque si le temps le lui permet, un auteur doit prolonger les échanges avec ses lecteurs et, au besoin, apporter des compléments à son article. C'est ce que je vais faire en évitant d'être long. Je remercie donc les frères ci-dessous cités et ceux non cités nommément leurs réactions m'étant parvenues par e. mail donc à titre privé. Toutes et tous me donnent l'occasion de répondre et qu'on n'y voit pas des retours de compliments;

    Makanéra Ibrahima Sory, si engagé pour la cause guinéenne est entendu pour son encouragement à poursuivre;

    Amyson a raison de noter qu'un texte jugé long peut décourager des lecteurs. C'est vrai, je tiendrai compte du conseil pour la prochaine fois. Quand on est lancé dans la frappe directe de son texte, on ne réalise pas toujours la longueur de ce qu'on écrit. C'est pourquoi la méthode qui consiste à d'abord écrire son texte sur papier permet d'éviter des longueurs et des répétitions inutiles. J'ai en plus le défaut de ne pas toujours me relire. D'où parfois des coquilles et des imperfections qu'on laisse passer et que le webmaster redresse à l'occasion.

    Ismaël Bah, actif Président de la FAGAF: je suis tout à fait d'accord sur les maux qu'il évoque et qui continuent d'engluer la Guinée; c’est-à-dire la bureaucratie, le parasitisme et le clientélisme. Ce sont là des habitudes qui forment la glu empêchant notre pays de prendre son envol pour un développement durable.

    Condé et Moustapha Diallo attirent l'attention sur les comparaisons de situations moyennes. C'est vrai que ces comparaisons ne donnent pas toujours satisfaction. Je concède à Diallo que les individus butés même plus intelligents que d'autres sont en général dangereux. C'est vrai alors qu'il ne faut pas à tout prix se focaliser sur le seul aspect intellectuel. On a connu des Docteurs Mabuse. Un type ordinaire qui a conscience de ses vraies capacités et qui prend conseil est éminemment supérieur à des marchands d'illusions. Si l'on fait référence au niveau culturel de dirigeants politiques, c'est que ce niveau peut permettre une capacité d'analyse de situations à celui qui en a, comparé à celui qui n'en a pas.

    Souleymane Diallo: je n'arrive pas également à comprendre les vraies motivations des Guinéens qui se déclarent patriotes mais se font les défenseurs de dictateurs qui ont conduit à faire de la Guinée un lieu de misères et de tourments humains en Afrique. Quand on voit encore en 2009, qu'en Europe, on poursuit des compagnons de dictateurs des années 1930-1940 pour les punir des forfaits commis par eux en ces temps là, on comprend que les européens soient capables d'avancer sur le chemin des progrès de l'Humanité. C'est ce progrès qui attire en Europe, la jeunesse africaine et guinéenne. C'est ce progrès qui pousse nos dirigeants à constamment tendre la main à l'Europe et au reste du monde qui avance pour le moindre projet chez-nous. Cette évolution ne pousse pas certains de nos compatriotes à réfléchir mais à parler, à la manière de perroquet, d'indépendance et de dignité.

    Mamadou Billo Sy Savané: j'ai plus d'une fois signalé combien son jugement, solide et sûr m'importe sur bien des sujets de notre pays. Je demeure dans cette disposition d'esprit en ajoutant, continue mon frère!

    Barry A. : je crois que devant ce genre de situation, c'est-à-dire le surgissement du CNDD sur la scène politique guinéenne, il ne faut pas être déçu trop tôt, des comportements de ceux qui ne se sont pas tout de suite installés dans la critique. On dit que c'est à l'ouvrage qu'on reconnaît l'ouvrier qualifié. A l'arrivée du CNDD, le fait d'annoncer une « période transitoire » de redressement avait atténué le profond scepticisme de nombreux Guinéens sans les pousser pour autant à renoncer à leur veille sur la situation. Après six mois, on a vu et noté les ouvriers du CNDD. Le moins qu'on puisse dire est qu'ils ne sont pas les ouvriers qu'il faut à la Guinée pour se relever. S'être installés dans la critique dès l'arrivée du CNDD, n'aurait de toute façon rien changé à la situation, sinon à se justifier de leur incompétence par le grand nombre de ceux qui les auraient gênés de mettre en place leurs réformes. Cette explication ne se serait cependant pas accompagnée du retrait du pouvoir. Ceci étant, avoir été sur ses gardes dès le départ de l'expérience, n'était pas non plus condamnable au regard des 50 années passées. La nuance était dans la systématisation ou non des critiques.

    Koundouno Fatoma: le classement des trois dirigeants peut être discuté, je l'ai dit plus haut, pour ici, j'ajouterai que le bon sens est, dit-t-on la chose la mieux partagée. Si le Président intelligent manquait de bon sens, on peut effectivement dire qu'il était cynique. Le cynisme a souvent conduit à l'imposture.

    Thierno A. Diallo: ses analyses pertinentes sur les dérives du pouvoir politique en Guinée, notamment sur la navigation à vue de Dadis et son équipe, méritent toute l'attention.

    Pour les réactions par e. mail, certaines ont été suivies parfois de questions qui portent sur les points suivants:

    Des précisions sur le CNDD et son Président Moussa Dadis Camara. J'ai franchement dit que je crois, et cette croyance se renforce en moi de jour en jour, que le CNDD, tel qu'il est, tel qu'il est composé, tel qu'il fonctionne, ne sera pas en mesure de relever la Guinée. Nombreux ceux qui ont été élevés dans la culture politique pratiquée en Guinée de 1958 à 2008, et demeurent des hommes et des femmes de pouvoir à ne pas accorder la moindre importance à ce qu'ils affirment dans leurs discours. C'est ce qui explique qu'ils peuvent dire avec force et un semblant de sincérité des choses dont ils ne croient pas le traitre mot. Cette duplicité dans le comportement et le langage ne s'est pas démentie depuis des lustres. Le CNDD ne s'est vraiment pas départi de ce comportement. Autrement comment comprendre que Dadis et ses compagnons aient annoncé dès leur prise de pouvoir qu'ils établissaient une transition pour remettre le pays sur rails pour une gouvernance normale par la voie démocratique et qu'ils démontrent, à présent, tous les jours qu'ils sont là pour longtemps? Ils donnent confirmation à cette hypothèse en ne cessant pas de rappeler qu'en faisant leur coup d'Etat de décembre ce sont eux, militaires, qui ont risqué leur vie en se lançant dans cette aventure. Conclusion logique : « ceux qui ont levé et abattu le lion, sont ceux qui doivent s'asseoir sur sa peau ». On est loin des citoyens en uniforme, républicains et patriotes, pour lesquels, certains d'entre nous, avaient de bonne foi, cru à l'existence dans l'Armée. Nos braves centurions qui ont pris l'habitude de faire des coups d'Etat contre des morts (en 1984 et 2008) parlent maintenant d' «avoir pris des risques ». C'est pourquoi, ils tentent de retourner la situation en leur faveur. Dans toute communauté humaine, il existe des bons et des mauvais éléments. Un nombre de Guinéens, pensaient que même dans l'Armée guinéenne, existaient des éléments sensibles aux malheurs des Guinéens. C'est ce qu'on attendait de l'Armée comme sentiments. Au reste, ceux qui pensaient ainsi, n'ont pas tardé à prendre leurs distances avec les putschistes dès qu'ils ont senti leurs intentions profondes. Je demeure donc solidaire de ceux qui pensent que les Guinéens ne sont pas tous, partout, des corrompus.

    Les velléités de Dadis et des membres du CNDD de se maintenir en place sont confortées par d'obscurs « conseillers » limités qui, de toute façon, vont aller en se raréfiant comme celui qui a écrit: « Vous savez Dadis a commis une grave erreur. Le pouvoir, ce n'est pas une petite chose. Il y a trois phases du pouvoir: sa conquête, sa conservation et son exercice. Mais dès que Dadis est passé à la première phase, il n'a pas mis de véritables stratégies pour les deux autres phases. A savoir, sa conservation et son exercice. Lorsqu'il a pris le pouvoir par un coup d'Etat qui était d'ailleurs attendu, qui était salué, c'est la conquête du pouvoir et que le peuple lui a concédée en disant qu'on est d'accord parce qu'on avait assez. ». Chacun voit midi à sa porte... Je pense et je ne suis pas seul que ce que le peuple a salué, c'était le changement de régime par l'intervention de l'Armée au service de la Nation, Etant le seul corps social « organisé » du pays, il pouvait rendre ce service, les temps ayant changé sans songer à une conquête du pouvoir. Et encore moins sa conservation et son exercice. Mais c'est ce genre de sornettes que ces « conseillers » ces conseillers » serinent à l'oreille de Dadis.

    Je suis convaincu, que si celui-ci et ses compagnons tentent de se maintenir en place, ils ne feront que reculer notre pays et je le répète, il faut qu'ils se rendent compte qu'ils sont loin d'avoir les capacités intellectuelles et morales, les moyens matériels aussi de redresser et de diriger efficacement la Guinée. En s'entêtant pour se maintenir en place, ils montreront qu'ils sont en retard sur les temps que nous vivons. Les auteurs des coups d'Etat n'ont plus, aujourd'hui, la « baraka » du temps des Bokassa, des Idi Amin Dada, des Samuel Doe, des Conté etc. qui, du reste, ont fini plus ou moins, dans la honte, l'incapacité physique ou dans le sang et des pays en ruines.

    Il faut féliciter les initiateurs guinéens de la rencontre de Bruxelles le 26 juin pour montrer à l'Extérieur, notamment à l'Union Européenne, que continuer à financer des groupes d'arrivistes comme le CNDD n'est pas une aide au peuple guinéen mais à des individus qui non seulement n'apporteront rien à la Guinée mais en profiteront pour s'enrichir. L'appel à l'Union Européenne de regarder les réalités guinéennes est également valable pour les investisseurs qui sont des gens avertis. La rencontre de Paris le 11 juillet 2009, ira sans doute dans le même sens.

    Du moment que j'avais parlé des partis politiques guinéens, des questions m'ont été posées sur eux. J'ai maintes fois écrit qu'au lieu de les prendre pour cibles des critiques sous le régime de Lansana Conté, on se trompait lourdement. Quels que soient les problèmes d'aujourd'hui, c'est par l'action des partis politiques que la Guinée se relèvera, si les leaders se révèlent être des hommes ou des femmes d'Etat. Le problème de l'heure est que nos concitoyens ont une prédilection particulière pour les formules: « y a qu'à »; « il n'y a qu’ 'à faire ceci ou cela »; « au lieu de dénoncer, ya qu'à passer à l'action » et personne n'a jamais fourni de mode d'emploi de cette action etc. Ce qu'on ne sait pas ou qu'on oublie est que critiquer ou dénoncer ont été des armes qui ont fini par avoir un effet débilitant sur les régimes visés. Ce ne sont pas par exemple des divisions blindées venues de l'Occident qui ont disloqué l'ancien bloc soviétique mais l'action souterraine d'opposants et les écrits de personnalités comme Soljenitsyne. Bref les partis politiques guinéens d'opposition ont fait de gros efforts (tout est relatif) pour le multipartisme et l'implantation de l'embryon de démocratie intervenue en Guinée. Leur faiblesse, on l'a assez dit venait, vient toujours de la situation économique du pays, du manque de synergie réelle d'action et surtout d'un trop grand émiettement du champ politique. Il ya de TROP de petits partis sans aucune envergure à attendre et dont les motivations des animateurs sont autres que ce qu'on doit attendre de l'engagement d'hommes et de femmes au service d'une nation. Mais, me dira-t-on, c'est aussi cela la démocratie. Quoi qu'il en soit, il faut que les Guinéens renforcent les partis politiques de leur choix pour sortir la Guinée des rodomontades des Rambos en tenue de combat. Cela est possible en isolant de l'extérieur les usurpateurs de la volonté populaire. C'est sur ce point de renforcer les partis politiques qu'un de mes correspondants me demande mon appartenance politique. Autrement dit mon parti politique.

    Sa question ne m'a pas paru gênante et j'ai répondu que la politique m'intéresse mais si je ne me suis pas concrètement engagé dans un parti, c'est en raison de mon état de santé. Quand on s'engage dans un parti politique, il faut être dans les dispositions d'aller au charbon comme tout militant. Outre mon métier d'enseignant, j'ai été responsable syndical sur le campus universitaire. J'ai donc connu la valeur de l'engagement. Depuis ma retraite de l'Université, je souffre d'une cheville qui réduit ma mobilité géographique, c'est pourquoi, d'ailleurs, je suis souvent absent des rencontres de mes compatriotes à Paris. Pour le reste, « ça va, Dieu merci », comme on dit chez-nous.

    N'étant donc pas actif dans le cadre du militantisme, je ne manquerai pas comme citoyen de manifester mon choix quand le champ électoral s'éclaircira. Dois-je en dire plus, cher correspondant?...

    Alors même n'étant pas membre d'un parti politique et même ne vivant pas en Guinée, j'y reste attaché et j'ai toujours souhaité ardemment en moi-même et prié que les choses aillent bien pour la Guinée et les Guinéens. Ces souhaits et ces prières que ceux qui sont imprégnés de la culture de l'imposture dont j'ai parlé dans ce texte, ont tendance à déformer pour ne voir dans chaque Guinéen qu'un forcené à la recherche de privilèges liés au pouvoir politique, ne sont à mes yeux comme à ceux d'autres que la simple recherche de soi-même.

     

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